Une veste à moins de 7 euros, des tennis à 5 euros, un tee-shirt à 2 euros !! Certains sites de vente en ligne proposent des vêtements et chaussures à des prix incroyablement bas et la tentation de les acheter est d’autant plus forte que l’on est constamment sollicité par leurs publicités et offres promotionnelles. Mais au final, pourquoi les acheter si on en n’a pas besoin ? Et comment est-il possible de vendre des articles à des montants aussi dérisoires ? Est-ce une si bonne affaire ? Quelles sont les contreparties de ces pratiques commerciales ? Lumière sur les dérives de ce que l’on nomme l’ultra fast-fashion…
Il est loin le temps où les vêtements étaient vendus uniquement en magasins, où le renouvellement des collections suivait le rythme des saisons et où il fallait attendre les soldes d’hiver et d’été pour bénéficier de prix attractifs. Depuis, la vente en ligne s’est fortement développée, de nombreuses enseignes sont apparues en renouvelant très régulièrement leurs collections avec toujours plus de références, toujours plus d’articles, fabriqués de plus en plus loin, de plus en plus vite, de moins en moins cher et rares sont les périodes de l’année sans opération promotionnelle. Pas étonnant que l’on achète aujourd’hui plus de 7 millions de vêtements neufs par jour en France et que la consommation européenne de textiles représente la quatrième source d’impacts sur l’environnement et le changement climatique, après l’alimentation, le logement et les transports.
De la fast-fashion à l’ultra fast-fashion
On pensait que cette tendance à surproduire et surconsommer du textile avait atteint son apogée avec la multiplication des enseignes dites de fast-fashion ou mode éphémère mais c’était sans compter l’apparition il y a quelques années de nouvelles enseignes : celles de l’ultra fast-fashion. Ces plateformes de vente exclusivement en ligne proposent des articles à des tarifs encore plus bas (à partir de quelques centimes d’euro !) et renouvellent leurs collections à un rythme encore plus effréné : l’une d’elle propose plus de 7 200 nouveaux modèles de vêtements par jour et plus de 470 000 produits différents soit 900 fois plus de produits qu’une enseigne française traditionnelle ! Et si cela ne suffisait pas pour pousser à surconsommer une mode pensée comme jetable, l’ultra fast-fashion infiltre le web et surtout les réseaux sociaux pour inciter à acheter toujours plus à grand renfort de partenariats avec des influenceurs et d’offres promotionnelles. Une de ces enseignes va même jusqu’à proposer des jeux en ligne permettant de gagner des produits et remporter des crédits en partageant ses achats sur les réseaux sociaux…
Le revers de la médaille
Cette mode ultra éphémère, qui conjugue augmentation des volumes, prix dérisoires, création de pulsions d’achat et besoin constant de renouvellement n’est pas sans conséquence…
Sur les plans social et éthique, les premières victimes sont les employés de ces enseignes. Si la fast-fashion était déjà réputée pour ses conditions de travail indignes, l’ultra fast-fashion creuse encore l’écart : un documentaire diffusé sur Channel 4 révélait que certaines usines payaient leurs couturières 3 centimes par vêtement et que ces dernières pouvaient travailler jusqu’à 18 heures par jour !
De plus pour tenir les cadences de production et optimiser au maximum les coûts, le pétrole a pris une place de choix parmi les matières premières de l’ultra fast-fashion, transformées à l’aide de produits chimiques considérés dangereux par l’Union Européenne, sous forme d’additifs aux matériaux plastiques utilisés pour la fabrication des textiles. Une analyse diligentée par Greenpeace Allemagne a mené à la conclusion que des vêtements y compris pour enfants contenaient des substances nocives pour la santé à des niveaux dépassant les seuils autorisés.
Enfin, sur le plan environnemental, les conséquences sont dévastatrices. Lorsqu’on sait qu’il faut par exemple plusieurs milliers de litres d’eau pour fabriquer un jean, l’intensité des rythmes de production de l’ultra fast-fashion est totalement incompatible avec les ressources disponibles sur notre planète mais aussi avec l’urgence à réduire les émissions de gaz à effet de serre d’autant plus que vêtements et chaussures sont acheminés massivement depuis l’autre bout du monde. Les articles fabriqués très majoritairement en matière synthétique relâchent également des microfibres plastiques à chaque lavage qui finissent dans la nature et les océans. Quant à la fin de vie de tous ces produits, leur composition très complexe rend leur recyclage extrêmement difficile qui plus est par une filière encore insuffisamment mature : moins de 1 % des tissus qui composent nos vêtements sont recyclés pour en faire de nouveaux. Aussi tous ces vêtements finissent en grande majorité comme beaucoup d’autres soit incinérés soit exportés dans des pays d’Afrique ou d’Amérique latine déjà submergés où ils s’accumulent dans des décharges à ciel ouvert polluant l’air, les eaux et les sols.
Les bons réflexes à adopter
Tout d’abord, avant de céder à la tentation, et ce quelle que soit l’origine du produit, je me pose les bonnes questions : en-ai-je vraiment besoin ? est-ce que je ne possède pas déjà un article similaire chez moi ? cette pièce abimée que je souhaite remplacer ne pourrait-elle pas être facilement réparée et à moindre coût ? Et pour un besoin occasionnel, pourquoi ne pas envisager l’emprunt ou la location ?
Si mon besoin est avéré, je me détourne à tout prix de l’ultra fast-fashion. Je privilégie l’achat de vêtements à moindre impact environnemental et parmi eux ceux de seconde main qui non seulement sont bon marché mais contribuent également à la préservation des ressources ou les produits neufs porteurs de labels environnementaux qui me garantissent notamment que leur durée de vie sera plus longue.
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