Partout en France, les territoires s’engagent à leur échelle pour davantage de sobriété matérielle.
Réduction de l’empreinte écologique, mise en place d’une politique d’économie circulaire, développement de la sobriété d’usage et de matière, autant d’initiatives locales qui, grâce à l’appui de l’ADEME, permettent aux collectivités d’agir concrètement sur l’environnement et de développer l’attractivité et la qualité de vie locale.
Retrouvez ci-dessous les témoignages des représentants engagés, au sein de ces podcasts.
Économie circulaire et frugalité : Roubaix trace la voie
Comment transformer un héritage industriel en levier de sobriété et de renaissance économique locale ?
À Roubaix, friches industrielles, bâtiments religieux ou usines désaffectées deviennent des lieux de création, de coopération et d’innovation.
Grâce à une dynamique territoriale portée par les élus, les entreprises et les citoyens – et avec l’appui de l’ADEME — la ville est aujourd’hui reconnue comme démonstrateur national de la conduite du changement.
Écoutez le podcast Territoires & Sobriété
Introduction voix off :
Une musique de fond se lance et la voix off prend la parole :
Et si on se posait les bonnes questions pour accélérer la transition écologique des collectivités ?
Dans « Territoires et sobriété », le podcast de l’ADEME et du ministère de la Transition écologique, on vous propose un tour de France des initiatives locales sur le chemin de la sobriété matérielle. Notre journaliste, Romain Poisot, dresse les portraits des collectivités qui ont franchi le pas. Alors, laissez-vous guider par celles et ceux qui impulsent le changement.
La musique de fond se coupe et laisse place à un bruit de train en marche avant que le journaliste prenne la parole.
Romain Poisot :
Cette semaine, je vous emmène à Roubaix. D’abord, un peu d’histoire. Roubaix, c’était l’une des capitales mondiales du textile. On l’appelait même la Manchester française au début des années 1900, ou la ville aux mille cheminées.
Sauf que la crise industrielle du textile, des années 70, a mis fin à cette prospérité.
Alors que faire de toutes ces usines désertées, désaffectées, de ces bâtiments abandonnés ? La ville de Roubaix a décidé de les reconvertir pour les transformer en plaque tournante de l’économie circulaire et de la sobriété. Pour en faire un modèle européen, les entreprises, les associations, les chercheurs investissent ces espaces historiques du territoire pour y inventer un nouveau modèle économique plus sobre et plus durable.
Laissez-vous porter.
Écoutez.
Direction Roubaix.
Imaginez une friche industrielle de 11 000 m² en cœur de ville, des briques rouges à perte de vue, une grande cheminée, des verrières d’ateliers. On se trouve dans l’usine Tissel un tiers-lieu au service des acteurs de l’économie circulaire. C’était le temple national de la laine, la plus ancienne usine de Roubaix, fermée dans les années 80. Elle a repris vie en 2022 grâce à l’impulsion à la fois de la ville de Roubaix, qui a racheté l’usine, et d’une association qui a fédéré les acteurs autour d’un tiers-lieu : il s’agit des Manufactures de Tissel.
On est avec l’une de ses membres, Ophélie Poyon.
Bonjour Ophélie.
Salutation
Ophélie Poyon :
Bonjour Romain. En fait, c’est la ville de Roubaix qui a racheté ce bâtiment, qui a eu pour projet d’en faire un tiers-lieu, enfin en tout cas un pôle économique autour de l’économie circulaire. Rien que dans la région lilloise, il y a 3 000 personnes qui ont du mal à se loger et on a énormément de friches qui ne servent à rien. En fait, ça n’avait pas de sens de venir construire un nouveau bâtiment, d’artificialiser des sols, etc.
On a 8 structures. Au total, il y a une soixantaine de salariés qui travaillent ici à Tissel. Chaque habitant est locataire de ces espaces. Effectivement, ce sont des tarifs qui sont quand même plus avantageux que dans les bureaux normaux. Ils ont tous pour point commun de produire en économie circulaire, c’est-à-dire en étant le plus frugal possible en ressources et en produisant le moins de déchets possible. Il y a la mobilité, avec Recycle Moi, qui répare des vélos pour les revendre.
Il y a La Vie est Belt, qui fait de l’upcycling pour des accessoires de mode. Dans le textile, on a aussi Juin fait le lin, qui participe à la relocalisation de la filière Lin en France, et les Trois Tricoteurs. On a également dans le bâtiment Le Parpaing qui réemploie du matériel de BTP, et le BTP CFA, qui forme les constructeurs de demain à la dépose sélective. Ça avait du sens de transformer cet endroit en un lieu qui va créer de l’emploi dans le respect des pratiques de l’économie circulaire.
Romain Poisot :
Et la ville de Roubaix est aujourd’hui démonstratrice nationale de la conduite du changement. Ce n’est pas moi qui le dis, c’est l’ADEME avec qui la ville a signé un protocole autour de l’économie circulaire en 2019 pour une durée de 4 ans. La ville est rapidement devenue une référence pour les autres territoires à l’échelle régionale, nationale et au-delà. L’idée, en fait, c’est de concevoir, innover, expérimenter de nouvelles solutions et on va voir concrètement à quoi ça ressemble en rentrant dans les entrailles de Tissel. Et voici une entreprise qui fait honneur au passé industriel de Roubaix. Il s’agit des Trois Tricoteurs.
Ici, on fabrique des pulls et des chaussettes, oui, mais seulement à la demande des clients. Pas de stock ni de surproduction. Une sobriété essentielle quand on sait que la consommation européenne de textiles représente la quatrième source d’impact sur l’environnement et le changement climatique de l’Union européenne, juste derrière l’alimentation, le logement et les transports.
C’est en partant de ce constat-là que Victor Legrain, co-fondateur des Trois Tricoteurs, a eu l’idée de changer les modes de production textiles.
Victor Legrain :
On produit de façon sobre, uniquement à la demande. La sobriété, c’est aussi ça finalement. Si on produit moins, uniquement ce dont on a besoin, on va minimiser au maximum notre empreinte.
Romain Poisot :
Et cette production sobre, uniquement à la demande, est rendue possible grâce à une machine révolutionnaire qui confectionne des pulls et des chaussettes sans couture en un seul tenant, en utilisant juste la laine qui est nécessaire.
Victor Legrain :
Pour mettre en place une production, il y a beaucoup d’humains, beaucoup de personnes et donc on ne peut pas lancer juste une pièce. Il faut lancer un minimum de 100, 200, voire des milliers de pièces pour optimiser la mise en place, etc. Si sur une machine qui fait toutes les étapes, on peut proposer aux marques de dire : nous, on va faire juste 50 pièces.
Et si ça marche, nous, on va vous aider à réassortir, donc on va refaire la production en direct en fonction des ventes. Par exemple, j’ai vendu surtout la taille M en rouge, on va faire surtout de la taille M en rouge. On va produire uniquement quand on en a besoin. Il n’y a pas de stock. Vu qu’on n’a pas de couture, on n’a pas de déchets.
On va utiliser uniquement le fil dont on a besoin. L’année dernière, on a dû faire 20 tonnes de fil. Sur un reliquat à peu près de 100 kilos de déchets. C’est moins d’un pour cent, alors que traditionnellement, l’industrie en France pousse à 5 à 10 pour cent de déchets et en Asie, entre 10 et 20 pour cent.
Romain Poisot :
Si bien qu’aujourd’hui, certaines marques se sont même détournées du marché asiatique pour commander aux Trois Tricoteurs.
Victor Legrain :
Petit à petit, on essaie de leur proposer un chemin nouveau. Ne pas produire de surstock, ne pas avoir de déchets, tout ça, ça nous permet de baisser nos prix. Finalement, aux mêmes prix qu’en Asie, mais ici, en France. Déjà, juste être concurrent, c’est incroyable.
On a envie de rendre à Roubaix ce que Roubaix nous a donné aussi. C’est une chance pour une petite entreprise comme nous de pouvoir aussi vite avoir accès à un lieu industriel avec l’aide de la mairie. Ils ont compris que c’était autant de l’écologie que de l’économie.
Eux, ils ont vraiment compris que si ça marche pour nous, on va créer des emplois. Il y a ce mélange pas naturel à la base entre une mairie et des entreprises privées. Mais finalement, je pense qu’on a le projet humain qui est similaire et c’est ce qui fait que ça marche. C’est qu’on regarde tous globalement dans la même direction. Faire moins, mieux, je dirais, penser à la planète, penser à l’emploi, on pourrait appeler ça du bon sens.
Romain Poisot :
Si bien qu’aujourd’hui, certaines marques se sont même détournées du marché asiatique pour commander aux Trois Tricoteurs.
Victor Legrain :
Petit à petit, on essaie de leur proposer un chemin nouveau. Ne pas produire de surstock, ne pas avoir de déchets, tout ça, ça nous permet de baisser nos prix. Finalement, aux mêmes prix qu’en Asie, mais ici, en France. Déjà, juste être concurrentiel avec la Chine, c’est incroyable.
On a envie de rendre à Roubaix ce que Roubaix nous a donné aussi. C’est une chance pour une petite entreprise comme nous de pouvoir aussi vite avoir accès à un lieu industriel avec l’aide de la mairie. Ils ont compris que c’était autant de l’écologie que de l’économie.
Eux, ils ont vraiment compris que si ça marche pour nous, on va créer des emplois. Il y a ce mélange pas naturel à la base entre une mairie et des entreprises privées. Mais finalement, je pense qu’on a le projet humain qui est similaire et c’est ce qui fait que ça marche. C’est qu’on regarde tous globalement dans la même direction. Faire moins, mieux, je dirais, penser à la planète, penser à l’emploi, on pourrait appeler ça du bon sens.
Romain Poisot :
Et cette production, à la demande, sans stock et sans déchet, les Trois Tricoteurs l’ont d’abord expérimentée dans un bar, un bar à chaussettes et à pulls, au cœur de Roubaix.
Victor Legrain :
Oui, on est en plein cœur de Roubaix, mais un peu caché quand même. Et puis il y a une petite croix avec un olivier. C’est la mairie aussi qui nous a aidés à trouver ce lieu. C’était l’office de tourisme de Roubaix juste avant. Et ils ont décidé de nous libérer le lieu pour qu’on puisse s’installer.
Romain Poisot :
On va passer la petite terrasse avec l’olivier et on va rentrer chez les Trois Tricoteurs. Le principe ici, c’est quoi ? C’est d’essayer des modèles de pulls existants, de chaussettes ou de bonnets, et c’est ensuite de vous demander de les tricoter en une heure.
Victor Legrain :
Les gens choisissent leur taille, leur couleur, je veux un pull rayé, un col V, etc. Et après, derrière la verrière, on a nos machines à tricoter. On a deux machines à pulls et une machine à chaussettes. Elles vont tricoter en direct. Le tricotage prend près de 35 minutes, 45 minutes. C’est visible ici, c’est un peu un spectacle finalement. On a quand même un but industriel, mais le but c’était de le mettre à disposition des gens.
Romain Poisot :
Alors on va retourner à Tissel pour bien comprendre toute la diversité des entreprises qui y sont implantées et voir surtout comment elles travaillent ensemble, comment elles coopèrent, car c’est aussi ça l’économie circulaire.
C’est le partage de compétences, de savoir-faire et de matériaux de réemploi pour davantage de sobriété.
Clément Gimeno :
Je suis Clément et je m’occupe du marketing et de la com’ chez La Vie est Belt. Le produit phare, c’est la ceinture en pneus de vélo. En huit ans, on a revalorisé à peu près 70 000 pneus en 70 000 ceintures. Un pneu égal à une ceinture, mais aussi des porte-clés, puisqu’en fait, il reste de la matière une fois qu’on a fait la ceinture. On a élargi à d’autres matières avec le temps. On fait des ceintures en pneus de voiture, on fait des ceintures en cordes d’escalade, en lances à incendie. Et ce qui est aussi génial, c’est qu’on a dupliqué à d’autres matières, en fait, les draps, les vieux draps usés, qu’on récupère chez le Relais, dans les boîtes blanches où on met nos vieux habits, on en fait des caleçons, donc on va avoir des motifs géométriques, fleuris, ce qu’on appelle exotiques et puis du dessin animé, du cartoon. Et celui-là, je suis sûr qu’il va te plaire, c’est fait à partir de vieux draps de la SNCF. On s’est emparé de cette pépite et on en a fait des caleçons, des CGV, des caleçons à grande vitesse.
Toutes ces matières sont soit usées, soit issues de refus de production, donc vouées à être incinérées ou détruites.
Alors à l’époque, les chiffres étaient à peu près 10 millions de pneus incinérés en Europe tous les ans.
On a eu la chance assez vite d’avoir le soutien de l’Atelier Vélo Lillois, puis après, d’une grande enseigne Décathlon, pour ne pas les nommer, qui nous a permis d’y avoir des bornes de collecte dans 60 Décathlons, en France, Belgique, Suisse. Et aussi d’avoir tous les pneus issus de leurs ateliers de réparation.
Romain Poisot :
Et vous travaillez aussi avec la Fédération française de cyclisme ?
Clément Gimeno :
Oui, alors c’est plutôt avec la LNC, la Ligue nationale de cyclisme, qui revalorise les pneus issus des équipes françaises professionnelles. Donc des équipes qui font le Tour de France, la Vuelta, le Paris-Roubaix, les plus grandes courses du monde. Ces équipes nous reversent tout au long de l’année tous les pneus qui sont issus des courses. Faire un petit état des lieux comme ça, des ressources dans le territoire et s’appuyer dessus pour développer des projets, je pense que c’est ça l’avenir et en synergie entre pouvoirs publics et volonté individuelle et entrepreneuriale.
Romain Poisot :
Et les ressources, il faut aller les chercher juste à côté de ses ateliers. Toujours à Tissel, chez Recycle-moi.
Clément Gimeno :
Salut Simon, ça va ? On aurait besoin de pneus, on a besoin notamment pour faire de la ceinture large et moyenne. Qu’est-ce que t’as pu récupérer dernièrement toi ?
Simon Debuche :
Bah ça tombe bien, on a vachement démonté.
Donc là, on a surtout du pneu de vélo de ville assez lisse.
Romain Poissot :
Donc là c’est que du pneu utilisé qui n’est pas réutilisable.
Simon Debuche :
Ah non, on ne peut rien en faire. Vraiment pas.
Clément Gimeno :
Mais par contre, nous, on peut ! C’est top !
Simon Debuche :
Attends, ce que tu ne dis pas, c’est que quand toi t’as des pneus neufs bien crantés pour des VTT, tu n’en veux surtout pas.
Clément Gimeno :
Toute la force de Tissel, c’est le principe de la circularité, mais c’était d’avoir des boucles vertueuses. Et du coup-là, on se dit, on ne va pas le jeter ce pneu-là. On pourrait peut-être aller toquer à la porte de Recycle-moi, ou on pourrait le remettre sur des vélos, etc.
Simon Debuche :
C’est un million cinq cent mille vélos jetés en France chaque année. C’est des chiffres, vus avec l’ADEME et le recyclage.
Je suis Simon Debuche, co-directeur de Recycle-moi.
Nous, ici, on collecte environ 4 000 vélos par an pour en redistribuer 2 000, pour les remettre en circulation. C’est un objectif de cette année.
À terme, on imagine en remettre 5 000 par an en circulation, ce qui veut dire en collecter 10 000. Sur le bassin d’emploi sur lequel on travaille, on estime qu’il y a environ 100 000 vélos à collecter chaque année. On a vraiment de quoi faire. Donc, on a des vélos électriques, des vélos de ville, des VTC. Et puis, en partie basse et en partie haute, on a des vélos enfant. Puis on a gagné de la place parce qu’au-dessus, il y a un truc que tu verras rarement dans ta vie, c’est une forêt de roues.
Romain Poisot :
Mais oui, je vois ça, mais oui.
Simon Debuche :
C’est une invention maison. C’est comment on caractérise et comment on trie toutes ces pièces que tu vas voir chez La Vie est Belt, que tu vas voir chez d’autres qui font du remploi. C’est qu’une des clés du remploi, c’est de faire se rencontrer la pièce avec le besoin. Et entre les deux, il y a le stockage, il doit durer le moins longtemps possible. Pour qu’il dure le moins longtemps possible, il faut bien l’organiser et référencer. Donc là, tu as 38 sortes de roues différentes en fonction de leur destination, que ce soit VTC, VTT, et j’en passe.
Derrière toi, tu as un magasin de pièces détachées. Les 2 000 vélos qu’on ne sait pas réemployer sont transformés en pièces détachées, et c’est notre magasin maison.
Romain Poisot :
Vous les vendez à qui, ces vélos, et à quel prix ?
Simon Debuche :
Prix solidaire. Alors ça, c’est assez vague. Il ne faut pas qu’ils ne soient pas chers, parce qu’il faut valoriser ce métier. Et on les vend en priorité aux collectivités, ou aux associations, ou aux organismes sociaux avec lesquels on fait des projets. Et on ouvre aussi aux particuliers.
Donc les particuliers peuvent prendre rendez-vous. Le vélo type, le vélo de ville pour aller se promener, enfin pour aller au travail, est entre 120 et 150 euros. Pour nous, c’est l’avenir et c’est passionnant. C’est d’aller créer de la valeur avec des choses qui n’en ont plus. Et donc nous, on commence à proposer nos services pour accompagner des collectivités au réemploi. La coopération est la clé. Sans les élus, ça ne marcherait pas.
Alexandre Garcin :
Je suis Alexandre Garcin, adjoint au maire, en charge de la transition écologique.
Pour créer cette boucle circulaire, on a besoin d’une multitude d’acteurs qui, du coup, interagissent les uns avec les autres. Et ça, ça vient répondre à un enjeu majeur car effectivement une partie de notre population n’est pas diplômée, n’est pas qualifiée. On a un peu plus de 40 % de la population qui vit sous le seuil de pauvreté, à peu près 30 % de chômage.
Romain Poisot :
Et l’économie circulaire répond à cette demande, à ce besoin d’emploi peu qualifié ?
Alexandre Garcin :
Oui, c’est difficile d’industrialiser l’économie circulaire, donc il y aura toujours aussi des tâches beaucoup plus manuelles. Ce n’est pas, a priori, la fonction de la ville de racheter des usines pour y mettre de l’emploi, mais clairement, c’est un pari sur l’avenir en se disant : voilà, on a des surfaces de production sous-utilisées dans la ville, on y construit le Nouveau Monde. Ça tombe bien, on est là, sur la rue du Nouveau Monde.
Cette dynamique-là, elle est positive, elle participe à régénérer un territoire industriel sinistré. Il y a encore énormément à faire, c’est-à-dire qu’on a encore plein d’usines, plein de friches, plein de matières à transformer.
Parce qu’il y a d’autres entreprises qui veulent s’installer autour de l’économie circulaire sur Roubaix. Le prochain Tissel sera dédié au BTP sur les matériaux de réemploi avec, par exemple, du recyclage de briques. Ce que je constate quand je vois que la musique continue de jouer avec l’orchestre, même quand on n’est plus là, c’est que la dynamique est déjà bien enclenchée. Oui, on a enrichi la ville avec cette nouvelle filière économique qui va continuer à générer de l’emploi et à répondre à une problématique de chômage local.
Romain Poisot :
Changement de décor et d’ambiance, cet endroit fait aussi partie de l’histoire de Roubaix et comme l’usine Tissel, il a été racheté par la mairie après avoir été laissé à l’abandon. Il s’agit du monastère des Clarisses.
Plus que la sobriété, ici, on expérimente la notion de frugalité. L’idée, c’est de vivre différemment en consommant moins de ressources.
Bonjour Pauline, on est au couvent.
Pauline Loeffmoller :
C’est ça, un ancien monastère de Sœurs Clarisses qui a été construit en 1874 et qui a été récupéré par la ville de Roubaix au départ des Sœurs en 2009.
Romain Poisot :
Un monastère dans lequel s’est installé le collectif d’architectes Zerm Occupation transitoire pour tester la vie sans chauffage, tout en développant des techniques d’isolation frugale.
On est avec Pauline Loeffmoller, une de ses membres.
Pauline Loeffmoller :
Dans un bâtiment comme celui-ci, c’est un frigo du désert. En gros, l’humidité rentre dans les cloisons et crée une cavité froide au centre des pièces.
Romain Poisot :
Le défi : s’adapter au bâtiment sans chauffage en cloisonnant les espaces de vie.
Pauline Loeffmoller :
Alors là, on est sous une grande bâche qui, au niveau du toit, est bordée par un rail dans lequel courent des petites navettes accrochées à un rideau transparent. On est en été, donc il est ouvert. On crée une sorte de bulle d’air un peu plus étanche dans laquelle on ne va pas chauffer. Il peut faire 15 degrés agréables. Mais là, on est dans une situation extrême dans un monastère qui prend l’eau. Je pense que dans des situations un peu plus contrôlables de logements qui ne sont pas… « pas du tout isolés », mais mal isolés.
Romain Poisot :
Des passoires énergétiques qu’on rencontre un peu partout.
Pauline Loeffmoller :
Là, on a des solutions ponctuelles, on pourrait retrouver une température agréable.
Donc oui, ce sont des personnes qui…
Romain Poisot :
Ils sont à l’auberge.
Pauline Loeffmoller :
Oui à l’auberge. Exactement.
Romain Poisot :
Oui, car dans ce monastère, il y a une auberge de jeunesse. On prend les escaliers.
Pauline Loeffmoller :
Oui. Tout résonne bien, donc là, c’est dans son jus.
Romain Poisot :
À l’intérieur des chambres, ambiance frugale garantie avec un lit à baldaquin pour protéger du froid.
Pauline Loeffmoller :
Les lits à baldaquins sont plutôt nus. Il y a plusieurs couches normalement, notamment une couche isolante avec un tissu matelassé et une face interne réflective qui conserve la chaleur rayonnante. La moustiquaire est installée surtout pour la période d’été. Ensuite, cette couche isolante en hiver, une bâche PVC qui est issue de chutes de bâches.
Romain Poisot :
D’accord, et quand on dort ici avec les trois couches en plein hiver, il fait quelle température dans ce lit à baldaquins ?
Pauline Loeffmoller :
Facilement le fameux 19-21 degrés qui permet d’être confortable.
Romain Poisot :
Et en termes de dépenses énergétiques, ce n’est presque rien.
Pauline Loeffmoller :
Ah oui, quasiment rien, parce qu’on n’essayait pas de chauffer la pièce.
Alexandre Garcin :
On a fait à Roubaix de l’occupation transitoirement un mode de faire pour éviter la dégradation des bâtiments.
Romain Poisot :
Alexandre Garcin, adjoint au Maire en charge de la transition écologique.
Alexandre Garcin :
Ce qu’a fait ZERM sur les Clarisse permet de donner une opportunité de construire un programme pour la suite. Comment fait-on pour habiter dans un lieu non isolé, sans chauffage ?
Aujourd’hui, à Roubaix, il y a une quantité de foyers qui n’arrivent pas à se chauffer ou qui ne se chauffe pas. Donc ça, c’est une réalité.
Romain Poisot :
Donc en attendant il faut faire avec le bâti, il faut leur trouver des solutions.
Alexandre Garcin :
Il faut qu’on leur trouve des solutions. Et si on peut les aider à vivre mieux avec finalement des solutions très frugales, on viendra vraiment apporter une solution à une problématique sociale qui est bien réelle. Parce qu’en fait, il y a une dimension de recherche qui est extrêmement importante sur le Monastère des Clarisses.
Alors l’ADEME nous accompagne sur le financement avec une thèse, avec des laboratoires du CNRS pour rendre concrets et mesurables les dispositifs frugaux qui sont mis en œuvre pour assurer un maintien de la chaleur et de confort dans le bâtiment.
Si on n’a pas un démarrage de budget avec l’ADEME, on ne fait rien du tout. On est soutenu par l’ADEME sur l’économie circulaire. On est également soutenu par l’Europe. On a été retenus en 2022 comme ville pilote de l’Économie circulaire.
Romain Poisiot :
Vous êtes un modèle international, pardon. Européen au moins.
Alexandre Garcin :
Européen au moins, avec des villes et des régions comme la région des Flandres en Belgique, la ville de Göteborg aussi en Suède. J’ai pu voyager en Lettonie, en Italie, en Allemagne pour partager nos dynamiques.
L’ADEME nous a financés aussi pour partager auprès d’autres collectivités, c’est pour ça qu’on était démonstrateur national de la conduite du changement. On a pu partager nos bonnes recettes pour que d’autres puissent le faire aussi. On a enrichi la ville, on a permis de devenir une référence sur l’économie circulaire à l’échelle de la métropole. Aujourd’hui, quand on parle d’économie circulaire et que quelqu’un veut s’implanter sur la métropole, il vient d’abord nous voir à Roubaix, parce que c’est ici que ça se passe.
Je suis persuadé que l’économie circulaire, c’est l’économie de demain. Toutes les métropoles de France doivent s’engager dans l’économie circulaire pour commencer à construire ce monde d’après. Et les élus ont un rôle majeur pour impulser ce changement parce qu’ils sont des tiers de confiance qui peuvent faire le chef d’orchestre à l’échelle de leur territoire.
Conclusion – Voix Off :
Vous venez d’écouter Territoires et sobriété, les bonnes questions pour accélérer la transition écologique des collectivités. Une série podcast proposée par l’ADEME, le ministère de la Transition écologique, à retrouver sur vos plateformes d’écoute préférées. Pour se poser les bonnes questions, epargnonsnosressources.gouv.fr/collectivites
Le SITCOM40 Côte Sud des landes et le défi de la sobriété heureuse
Comment impliquer les citoyens autour de la sobriété matérielle ?
Rendez-vous cette fois dans le sud des Landes, où le défi sobriété heureuse transforme les habitudes de consommation en vecteur de plaisir. À Soustons, des familles apprennent à réduire leurs déchets, entre autres, tout en augmentant leur bien-être quotidien. Écoutez leurs témoignages et découvrez comment sobriété peut rimer avec bonheur.
Écoutez le podcast Territoires & Sobriété
Introduction voix off :
Une musique de fond se lance et la voix off prend la parole :
Et si on se posait les bonnes questions pour accélérer la transition écologique des collectivités ? « Dans territoire et sobriété, » le podcast de l’ADEME et du ministère de la Transition écologique, on vous propose un Tour de France des initiatives locales sur le chemin de la sobriété matérielle.
Notre journaliste, Romain POISOT, dresse les portraits de collectivités qui ont franchi le pas.
Alors, laissez-vous guider par celles et ceux qui impulsent le changement.
La musique de fond se coupe et laisse place à un bruit de train en marche avant que le journaliste prenne la parole.
Romain Poisot :
Cette semaine, je vous emmène dans la communauté de communes Marennes Adour Côte Sud, dans le sud du département des Landes.
Voix SNCF :
Mesdames, Messieurs, bonjour. L’équipage TGV INOUI vous souhaite la bienvenue à bord de notre TGV, nouvelle destination de Hendaye.
Romain Poisot :
On va découvrir ce qu’est la sobriété heureuse, la sobriété dans la consommation des ressources de notre planète, mais vue sous le prisme du plaisir.
Être sobre tout en s’épanouissant, c’est possible, et c’est ce que veut montrer le défi Sobriété heureuse lancé par le SITCOM, c’est le Syndicat Intercommunal de Collecte et de Traitement des Ordures Ménagères, en partenariat avec l’ADEME et la Communauté de communes.
Un défi citoyen pour réduire son empreinte écologique au quotidien tout en étant heureux. Alors, pendant trois mois, une vingtaine de familles soustonnaises ont été accompagnées pour réduire leurs déchets, entre autres. Laissez loin derrière vous les clichés de l’écologie contraignante, ouvrez grand vos chakras, laissez-vous porter, écoutez.
Direction le sud des Landes, dans les secrets de la sobriété heureuse.
Une musique de transition est lancée avant que le journaliste reprenne la parole.
On va commencer par une question très simple et pourtant essentielle : qu’est-ce qui vous rend heureux ?
Ambiance : dans la rue, interview de plusieurs passants
Bonjour Madame, qu’est-ce qui vous rend heureuses, toutes les deux ?
Interviewée 1 :
La nature.
L’eau. Les arbres. On me demande d’aller faire les magasins ou de venir ici, je préfère venir ici.
Prononce-t-elle en rigolant
Interviewée 2 :
Les rencontres aussi qu’on fait.
Comme avec vous.
Ben oui, c’est ça…
Interviewée 1 :
Les choses simples, en fait. Faut pas besoin de chercher très loin.
Romain Poisot :
Qu’est-ce qui vous rend heureux ?
Interviewée 3 :
Les amis.
La vie
La good vibes.
Interviewée 4 :
Aller se balader, aller sur la plage. Et ce n’est pas forcément en consommant, c’est juste le partage qui est cool.
Romain Poisot :
77 % des Français pensent que notre manière de consommer est nuisible à l’environnement, selon le baromètre Sobriété de l’ADEME, l’Agence de la Transition écologique. En avoir conscience, c’est une chose, mais agir en est une autre.
Dans la communauté de communes Marennes Adour Côte Sud, c’est 300 000 tonnes de déchets par an, pour 180 000 habitants, soit presque deux tonnes de déchets par famille.
Alors ce défi Sobriété heureuse a pour objectif de faire prendre conscience qu’on peut faire mieux, qu’on peut faire moins de déchets, moins consommer. Pour en parler, on voent de retrouver Florian Chabot, il est chargé de l’économie circulaire au SITCOM.
Bonjour Florian.
Florian Chabot :
Bonjour
Romain Poisot :
Ce défi que vous organisez, il vient de quel constat sur votre collectivité ?
Florian Chabot :
On produit beaucoup de déchets sur le territoire, on gaspille beaucoup de ressources. Et donc c’est à partir de ça qu’on s’est dit que c’était intéressant de sensibiliser les gens à adopter des modes de vie plus sobres.
On peut être heureux sans tout ce superflu, sans toute cette consommation, et ce monde matériel.
Le défi Sobriété heureuse se déroule sur une durée de trois mois.
Nous avons recruté une quinzaine de foyers, et toutes les deux ou trois semaines, on organise des rencontres qui portent sur des thématiques en particulier. Donc on a eu une rencontre sur le numérique, une sur l’alimentation, la mobilité, le tourisme, la consommation. La démarche de sobriété, c’est ça dans un premier temps, c’est de vraiment remettre en question son mode de vie, de questionner ses besoins.
Et à la suite de chaque rencontre, nous proposons aux participants des petits défis à réaliser à la maison pour les inciter à expérimenter des pratiques sobres et heureuses dans leur quotidien.
Le terme « sobriété » est souvent connoté négativement, mais ce qu’on veut montrer, c’est qu’on peut garder une belle qualité de vie, cela ne demande pas d’énormes efforts pour agir, mais que c’est quelque chose qui peut être épanouissant. Vous n’avez rien à y perdre, mais beaucoup à y gagner.
Avant de passer à une autre interview, nous sommes mis dans le contexte sonore avec des bruits de coqs, poules, oiseaux avant que le journaliste ne prenne la parole.
Romain Poisot :
Il est 7 h du matin et on a rendez-vous avec une famille de Soustons qui participe au défi Sobriété heureuse. Une famille de quatre enfants, et on le sait, quatre enfants, ça dévore.
On va voir comment ils s’en sortent avec l’alimentation, mais pas seulement. Et surtout, on va voir si en étant plus sobres, et bien, ils sont aussi plus heureux.
Romain Poisot :
Bonjour.
Romain Poisot :
Merci de nous recevoir.
Famille de Soustons :
Avec plaisir !
Romain Poisot :
Les enfants dorment encore ?
Mère de la famille de Soustons :
Voilà c’est l’heure d’aller réveiller les grands
Échanges et bruit de cuisine pendant le petit déjeuner
Romain Poisot :
Comment est-ce-que vous avez participé au défi Sobriété heureuse ?
Mère de la famille de Soustons :
J’avais envie d’un déclic pour finalement pouvoir agir. Nous, comment on dit, les petits colibris, on est tous des petits colibris et on va tous réussir, ensemble, à faire en sorte que la planète puisse encore vivre longtemps, aussi belle, surtout pour les petits quoi.
Bruits d’oiseaux en arrière-plan avant qu’elle reprenne.
Alors le premier thème, c’était la déconnexion au digital.
Un téléphone portable, je crois que c’est 60 fois le tour de la planète avant d’arriver dans nos mains, par rapport à toutes les extractions des minéraux qui deviennent rares, qui sont polluants quand ils sont extraits sur place, pour les populations locales. Voilà, on découvre un petit peu tout l’envers du décor. Et on ne regarde plus son téléphone portable de la même manière.
Romain Poisot :
Alors, vous avez mis en place quelque chose ?
Père de la famille de Soustons :
Oui oui, tout à fait !
Mère de la famille de Soustons :
Oui oui, une soirée, ou du coup les garçons et nous, on ne regarde pas nos téléphones ou nos tablettes.
Père de la famille de Soustons :
Sans écran, on profite plus de la famille.
Mère de la famille de Soustons :
On joue avec les petits.
Père de la famille de Soustons :
Ça me rend heureux de voir que, finalement, même mon fils va grandir dans ce monde.
Je pense qu’il a compris que le numérique c’était au service d’un besoin, mais ce n’est pas l’inverse quoi. On n’est pas, il ne faut pas qu’on soit au service du numérique.
Une sonnerie téléphone retenti avec la musique de fond du podcast avant que le journaliste ne reprenne la parole.
Romain Poisot :
Lors du défi, toute la famille a suivi des ateliers de réparation de vélo, de machine à laver, ainsi que des ateliers de découverte de la couture.
Mère de la famille de Soustons :
Voilà, l’idée, c’est de garder les objets le plus longtemps possible pour éviter d’en racheter des neufs.
Père de la famille de Soustons :
On a aussi fait du vide dans une partie de la maison.
Mère de la famille de Soustons :
On a épuré notre intérieur, vider et partager en fait. Et même entre voisins, faire un partage d’objets. Par exemple, on a parlé de certains équipements de cuisine un peu spéciaux, appareil à raclette et tout ça.
Finalement, chaque foyer n’est pas obligé d’en avoir un vu qu’on ne mange pas de la raclette tout le temps. Donc l’idée, c’est de mutualiser et de partager.
Romain Poisot :
Et est-ce-que ces petits efforts là, ces petits gestes là, ça a une vraie conséquence sur notre environnement ?
Mère de la famille de Soustons :
Ah ba oui, cela a une vraie conséquence sur notre environnement puisque nous sommes des millions à avoir tous ces petits objets là. Donc au final, ça fait une grosse quantité.
Des bruits de cuisine se font entendre avant que la mère de famille ne reprenne.
Ils ont parlé de Noël, alors nous ça fait déjà 2 noëls ou ont est sensibilisés. Bon on a quatre enfants, donc au bout d’un moment les jouets… voilà le Père Noël il est sympa, mais des fois il est trop généreux. Et donc, ça aussi c’est apprend à modérer un petit peu l’impulsion consommatrice.
Romain Poisot :
C’est-à-dire que le Père Noël peut être sobre aussi ?
Mère de la famille de Soustons :
Il peut être sobre aussi ouais. Même le Père Noël.
Père de la famille de Soustons :
On essaie mais c’est compliqué. Quand ils ont un cadeau et que c’est le cadeau qu’ils rêvaient d’avoir… enfin…
Romain Poisot :
Tous les autres passent à la trappe
Père de la famille de Soustons :
Mais bien sûr.
Mère de la famille de Soustons :
Aujourd’hui, la consommation de jouets, ce que ça produit comme déchet, enfin c’est énormissime.
Père de la famille de Soustons :
Même sur les vacances. On a pris, le weekend dernier dans le défi, le slow tourisme, c’est à dire juste s’éveiller. Ce qui est intéressant, c’était de montrer des photos de paysages différents, et on devait dire où c’est. Quand on voit les paysages en fait, ce sont des paysages paradisiaques, vous vous doutez bien. Et en fait ces paysages paradisiaques, ils sont tous en France quoi.
Mère de la famille de Soustons :
Surtout en France.
Père de la famille de Soustons :
On n’a pas besoin d’aller à l’autre bout du monde pour voir des paysages équivalents. Enfin voilà, on a une chance inouïe en France quand même. De diversité de paysages, du réel, etc. Moi, un des défis que je me suis fixé aussi, c’est de convaincre les autres maintenant. C’est ça qui est intéressant aussi. On était convaincu, je dois dire qu’on est encore plus convaincu de la trajectoire qu’on prend mais maintenant l’idée, c’est d’embarquer les autres.
Romain Poisot :
C’est d’ailleurs le moment de faire ses courses. On part avec Jean et son fils Antoine en vélo. Bien évidemment, ça fait aussi partie du défi Sobriété heureuse.
Père de la famille de Soustons :
On est sur le vélo.
Romain Poisot :
Depuis combien de temps vous êtes sevrés des supermarchés ?
Père de la famille de Soustons :
Ça fait. Ça fait quelques temps que j’y mets plus trop les pieds. Plus d’un mois, je pense maintenant. Et bah ça fait du bien. La sobriété, c’est aussi revenir à la qualité, c’est revenir, à je pense, voilà, à limiter les distances parcourues par nos produits.
Romain Poisot :
Alors quoi de mieux que d’aller chez le producteur de volailles directement qui vend aussi des produits locaux ?
C’est juste à côté de la maison ?
Père de la famille de Soustons :
Juste à côté ! À 200 mètres, 300 mètres. C’est local. Je préfère manger de la bonne qualité, en moins grande quantité. Et d’ailleurs regarde tac les fameux yaourts, ils sont là.
Romain Poisot :
Allez, sers-toi.
Père de la famille de Soustons et son fils Antoine :
Là, il y a du chocolat.
Romain Poisot :
Il a pris la dose hein, il a pris la dose de yaourt Antoine.
Père de la famille de Soustons :
En même temps, on en mange, ça va vite.
On entend des échanges en bruit de fond avant que le fils de la famille Soustons prenne la parole.
Fils Monsieur de Soustons :
On prend ce nombre de yaourts et on les finit.
Juste quand on prend le bon, on finit. Il n’y a plus rien à la fin.
Père de la famille de Soustons :
Voilà il n’y a pas de gâchis, quoi.
Vendeuse :
Ça te fait 72,50 €, s’il te plaît
Père de la famille de Soustons :
Oui s’il te plait par carte.
Quand je regarde mon ticket de fin de mois en fait, par rapport à ce que je consommais avant et je payais avant disons 10 € d’écart sur la somme, tout ce que je consomme. Alors j’ai une famille avec quatre enfants donc dans le budget la nourriture, c’est un gros budget, c’est mon plus gros budget après la maison quoi.
Romain Poisot :
C’est 10 € de plus par semaine ?
Père de la famille de Soustons :
Non, par mois, je ne pensais pas. En plus gustativement, au niveau du goût, au niveau des apports, c’est pas du tout la même chose. Je te prends des œufs, je te rends des consignes et je vais te prendre un poulet s’il te plait.
Vendeuse :
Tu veux combien d’œufs ?
Père de la famille de Soustons :
Douze.
On va à l’essentiel. Ici, on sait ce qu’on vient chercher et puis voilà. On n’est pas tenté non plus par des promos ou par des choses qui sont souvent superficielles en fait. Et même. C’est peut-être pour ça d’ailleurs qu’à l’arrivée, l’addition n’est pas si différente que ça. Parce que finalement, on achète vraiment ce qu’on veut vraiment acheter quoi. Puis comme vous dites, enfin quand on prend un moment aussi d’échange, moi je n’ai pas l’impression de perdre du temps.
Romain Poisot :
L’humain ne coûte pas cher.
Père de la famille de Soustons :
Oui c’est ça !
Merci à toi
Vendeuse :
Merci.
Père de la famille de Soustons :
Et à très bientôt !
Vendeuse :
Ouais ça marche. Très bonne soirée. Au revoir.
Père de la famille de Soustons :
Au revoir !
Si on veut retrouver une société heureuse. Je pense que c’est aussi ça passe par des grandes décisions comme ça et c’est ça la sobriété aussi. C’est un retour à c’est quoi les priorités ? C’est quoi les priorités ? C’est quoi mes besoins ? C’est du lien. On retrouve en fait les fondamentaux d’une société équilibrée, quoi.
Romain Poisot :
Pour être sobre, pour apprendre à être sobre, il faut des partenaires, des spécialistes de la sobriété. Dans le cadre du défi organisé par le site, comme les habitants ont pu découvrir l’association « Voisinage ». Elle tient une recyclerie mais surtout un atelier réparation. On a tous un lave-linge à la maison qui tourne à plein régime, qui s’encrasse et dont on se débarrasse pour un tout neuf qui fonctionne à merveille. Et bien l’association « Voisinage » montre qu’il y a d’autres possibilités moins onéreuses et surtout bien meilleures pour notre planète.
Bonjour Pascal.
Pascal :
Bonjour.
Romain Poisot :
Romain, Enchanté.
Des bruits d’atelier se font entendre avant que le journaliste ne continue :
Alors vous, vous faites partie de l’association « Voisinage » et votre spécialité à vous, c’est la réparation de l’électroménager, lave-linge, sèche-linge, etc.
Pascal :
Oui. On a beaucoup dedans et en fait nous, on les remet en état ou on les répare ou si on ne peut pas, on récupère les pièces pour faire un petit stock de pièces.
Romain Poisot :
Tout cet électroménager la, il est réparable, ce lave-linge. Quel est le problème sur celui-là typiquement ?
Pascal :
Euh celui-là il ne démarre pas. Il y a un problème en fait sur la sécurité de porte, l’état ou elle est ; elle est en super état quoi. Quand vous la voyez au premier coup d’œil, vous dites allez presque neuve pour la remettre en état quoi.
Des bruits de bricolage se font entendre avant que le journaliste ne reprenne :
Romain Poisot :
Dans le cadre du défi, des ateliers étaient organisés pour apprendre à réparer, entretenir son électroménager. On a le sèche-linge à côté qui tourne à plein régime. Oui.
Pascal :
Lui c’est pareil, il fonctionne. Il était juste, c’est un problème d’entretien parce qu’il était rempli de peluches. Pleine de bourre. Juste là, j’ai nettoyé juste vite fait pour voir s’il fonctionnait et là il est reparti. Les gens ne savent pas entretenir leur appareil.
Romain Poisot :
Alors un appareil neuf comme celui-ci, ça vaut combien ?
Pascal :
Neuf Comme celui-ci… Ça vaut entre 400 et 500 €.
Romain Poisot :
Et à la vente à la recyclerie de l’association « Voisinage » ?
Pascal :
Entre 100 et 150 €.
Romain Poisot :
Il faut savoir qu’en France, le parc des presque 28 millions de lave-linge est responsable de la production de 250 millions de kilos de déchets électroniques chaque année. Et ça n’inclut pas les coûts de fabrication. C’est la phase la plus impactante sur le climat. Alors, plus la vie d’un lave-linge sera longue, plus son impact écologique sera réduit. Longue vie au lave-linge !
La musique de fond fait une transition avant que le journaliste ne reprenne :
Il y a le principe de réalité, l’urgence climatique, nos devoirs en tant que citoyen. Mais pour que tout ça soit bien supportable, il faut savoir s’émerveiller, contempler notre environnement, savoir pourquoi on est amené à changer nos modes de vie. Sans ça, les vieilles habitudes reviendront. Et ce n’est pas pour rien que le Jardin du Petit Barthot a été choisi pour participer au défi de la sobriété heureuse. Là, vous entendez les petits oiseaux, Le calme. Vous sentez l’odeur des pins ? C’est une petite bulle bien ressourçante que va nous présenter sa fondatrice, Julie Bernier.
Julie Bernier :
Quand les gens arrivent ici, en général, ils ont une espèce de ffou… (elle fait un bruit de soufflement / délivrance) comme ça ! C’est comme un espèce de soupir. Ils prennent une grande claque. Il y a des couleurs. Il y a des chants d’oiseaux. Il y a des petits lézards. Il y a des petits mulots. Il y a des choses qui se passent. Ce n’est pas juste de la terre.
Romain Poisot :
Bonjour, Julie.
Julie Bernier :
Et bien bonjour
Romain Poisot :
C’est l’objectif du jardin, c’est ça ? C’est se sentir bien. Se sentir apaisé.
Julie Bernier :
Oui, c’est d’abord de se sentir bien, c’est à dire voir quelque chose qui te donne envie de le protéger tout simplement.
Romain Poisot :
En quoi le défi Sobriété heureuse a sa place dans le jardin ?
Julie Bernier :
Quand j’entends sobriété et heureuse, je me dis que c’est exactement ce qui se passe dans le jardin. On a la partie heureuse parce qu’on est dans un lieu qui est magnifique et où on a à la fois des choses, des endroits qui sont cultivés, à la fois des endroits de jeu, une balançoire, un tape cul et ensuite la partie sobriété. Pour moi, elle est vraiment dans le fait qu’on va essayer sur un jardin comme celui-là et en permaculture en général, d’utiliser le moins de ressources possibles. On apprend à se dire que la nature fait très bien les choses et nous on peut lui donner un petit coup de main, mais on n’est pas au centre de ses capacités à grandir et à cultiver. Le moins on en fait plus, on la laisse tranquille, plus la nature est productive et résiliente.
Romain Poisot :
Et en plus ça rend heureux.
Julie Bernier :
Et en plus ça rend heureux. Et oui, la sobriété heureuse, c’est requestionner ses besoins, consommer moins, mais donc travailler moins pour vivre plus. Et en fait c’est ce qu’on a de plus précieux, notre temps. Donc est ce qu’on n’a pas envie de vivre plus ?
Thomas Vacher :
Je suis Thomas Vachey, le directeur général du sitcom Côte Sud des Landes. Alors ce défi est effectivement hyper important pour le sitcom. C’est une action parmi une vingtaine d’actions qui constituent notre pastèque. Le plan d’action du sitcom pour la transition vers une économie circulaire, une démarche globale accompagnée par l’ADEME. On a organisé notre pastèque avec plusieurs cibles. Une cible : habitants du territoire, une cible, entreprises du territoire. On cible aussi des collectivités du territoire qui sont elles-mêmes porteuses de dynamiques d’économie circulaire. Et l’idée, c’est de pouvoir développer ce défi sur d’autres communes. Alors pourquoi pas l’année prochaine sur le territoire du pays d’Orthe, pourquoi pas sur le territoire du Grand Dax, du Seignosse ? On a l’embarras du choix. Je crois que tous les élus sont intéressés.
Frédérique Charpenel, le maire de Soustons :
Évidemment qu’il faut qu’on ait des actions fortes pour donner les moyens aux gens de changer et de faire évoluer leur comportement.
Je crois que notre responsabilité, c’est d’engager nos territoires. On ne peut pas mener des politiques ambitieuses en termes d’écoresponsabilité sans imbriquer le citoyen. Au niveau de la communauté de communes, on a une semaine de challenge à mobilité. Nos agents, pendant une semaine. « Je ne viens qu’en vélo, je viens à pied ou je fais du covoiturage. » Eh bien il y a des pratiques qui se sont installées. On a la nécessité aussi sur certains points d’impulser des actions et qu’elles soient aussi pas ludiques, mais qu’elles ne soient pas non plus sur la contrainte. Moi je ne veux pas qu’on soit sur la moralisation.
Conclusion – Voix Off :
Vous venez d’écouter Territoire et sobriété : Les bonnes questions pour accélérer la transition écologique des collectivités. Une série podcast proposée par l’ADEME, le ministère de la Transition écologique et RMC. A retrouver sur vos plateformes d’écoute préférées.
Pour se poser les bonnes questions epargnonsnosressources.gouv.fr/collectivites
Lorient Agglomération : mobiliser pour la sobriété matérielle
Comment engager les différents acteurs d’un territoire autour de la sobriété matérielle ?
Direction Lorient Agglomération, où se développe un écosystème suivant les principes de l’économie de la fonctionnalité et de la coopération. De quoi s’agit-il exactement ? C’est ce que nous allons apprendre dans cet épisode, avec l’association ALOEN, qui a su créer un lien profond entre acteurs politiques et économiques pour un même objectif : le réemploi local des matériaux.
Écoutez le podcast Territoires & Sobriété
Introduction – Voix-off :
Et si on se posait les bonnes questions pour accélérer la transition écologique des collectivités ?
Dans « Territoires et sobriété », le podcast de l’ADEME et du ministère de la Transition écologique, on vous propose un Tour de France des initiatives locales sur le chemin de la sobriété matérielle. Notre journaliste, Romain Poisot, dresse le portrait de collectivités qui ont franchi le pas.
Alors, laissez-vous guider par celles et ceux qui impulsent le changement.
Romain Poisot :
Cette semaine, je vous emmène dans la communauté d’agglomération de Lorient. À Lorient, quand un gigantesque chantier de démolition a lieu, on se pose les bonnes questions en matière de sobriété matérielle. Casser pour reconstruire ? D’accord, mais y a-t-il des matériaux à récupérer avant de puiser dans les ressources de la planète pour reconstruire ? Collectivités, bailleur social et associations travaillent donc ensemble, main dans la main, vers ce même objectif.
Une articulation entre différents acteurs qui n’est pas toujours évidente à mettre en place, mais qui est réalisable grâce à l’intermédiaire d’une association. Au centre de cet écosystème, laissez-vous porter, écoutez. Direction Lorient Agglomération.
Train SNCF :
Dans quelques instants, notre TGV desservira la gare de Lorient.
Romain Poisot :
Bienvenue à Lorient. On a rendez-vous avec Marie-Laure Lamy, c’est la directrice de l’association Aloen. Il s’agit de l’agence locale de l’Energie, fondée par l’ADEME, l’agglomération de Lorient et le conseil général. Et c’est important de comprendre qui l’a créé, car Aloen est à mi-chemin entre le monde associatif et politique. Elle a pour mission de créer du lien, de faire naître des projets avec cette ambition, de favoriser la sobriété matérielle au sein de l’agglomération. C’est un médiateur, un catalyseur qui est nécessaire, qui doit s’assurer que tous les projets accompagnés suivent les grands principes de l’EFC : l’économie de la fonctionnalité et de la coopération. Le terme vous fait peut-être un peu peur ? Ne paniquez pas. On va tout vous expliquer.
Salutation
Romain Poisot :
Bonjour Marie-Laure, Romain enchanté.
Marie-Laure Lamy :
Bienvenue.
Romain Poisot :
Il me semble que vous avez une expression qui définit parfaitement le rôle de votre association Aloen. Vous mettez en musique ce qu’on appelle le précieux facteur humain.
Marie-Laure Lamy :
« Pfh ». Il y a un ancien ministre de l’Environnement qui nous a appelés les agences locales de l’énergie : les caméléons. On est des caméléons parce qu’on est capable d’échanger aussi bien avec des élus, avec des agents de collectivités, avec des entreprises, avec des bailleurs sociaux, avec des associations, avec des habitants du territoire, pour aider chacun à sortir le meilleur de lui-même, à aller chercher tout ce qu’il peut apporter à l’amélioration de notre vie sur la planète.
Romain Poisot :
Vous rapprochez les acteurs, vous créez du liant. Vous êtes la glue entre les différents acteurs. Le mot Glue n’est pas très valorisant (rires).
Marie-Laure Lamy :
En effet, ce n’est pas terrible. Mais effectivement, on essaie de faire prendre la mayonnaise entre les acteurs. Et pour ça, un point qui est très important, c’est d’aider chacun, à commencer par exprimer ses contraintes, ses freins par rapport à un sujet. Pourquoi on parle d’économie de la fonctionnalité, de la coopération alors qu’on est en train de parler de sobriété ?
En fait, on va chercher à vendre des services et des services intégrés plutôt que de vendre des produits. Et dans ces cas-là, il faut mettre autour de la table les personnes, la structure qui produit et la structure qui va acheter pour bien définir ensemble quel est le besoin et donc répondre à un usage et pas vendre un produit. Donc c’est ça la base avec cette recherche de sobriété.
Romain Poisot :
Pour y parvenir, pour réussir à instaurer un dialogue entre les différents acteurs du territoire, Aloen et l’association Optimisme, spécialisé dans les emplois en insertion, sont engagés depuis trois ans dans un programme nommé « COOP’PTER » pour coopération territoriale. Un programme financé par l’ADEME, avec le soutien d’économistes spécialisés dans l’économie de la fonctionnalité et de la coopération. L’objectif, c’est d’organiser ensemble le réemploi des matériaux.
Marie-Laure Lamy :
On essaie d’accompagner les politiques, les agents des collectivités, le bailleur social à se dire « Tiens, comment est-ce que je peux intégrer cette notion de réemploi dans les projets que je suis en train de mener ? » On n’a pas le choix, le réemploi des matériaux, aujourd’hui, ça fait partie des urgences planétaires pour diminuer notre impact sur l’utilisation des ressources.
Comment on arrive à intégrer ça et à le présenter comme un levier, un levier d’évolution des politiques publiques, mais un levier positif. Ce n’est pas une contrainte, ce n’est pas punitif, c’est une nouvelle façon de faire. C’est un nouveau défi à relever et au contraire, c’est passionnant. Quand on fait discuter les structures ensemble, les humains qui sont dans les structures, on arrive à trouver qu’il y a telle contrainte qui vient en fait d’un cahier des charges. Est-ce qu’on peut faire évoluer ce cahier des charges ? Pour faire évoluer ce cahier des charges, il faut qu’on aille chercher de nouveaux acteurs. Typiquement des chantiers d’insertion. De quoi ces nouveaux acteurs vont avoir besoin pour pouvoir s’engager durablement dans un développement de nouvelles activités. Personne n’a raison, chacun a son point de vue et vraiment de partir avec cette idée là en tête ça permet de s’écouter et de se nourrir des points de vue de chacun.
Tous les changements sociétaux, économiques, de gouvernance qu’on a à faire là en ce moment, ils vont juste nous amener à un meilleur bien être sur notre planète.
Romain Poisot :
Donc l’optimisme est contagieux.
Marie-Laure Lamy :
Oui faites attention, c’est très contagieux. Mais oui, complètement.
Romain Poisot :
Et le lien avec les élus, en fait, il se fait au quotidien, il est même direct : Le président fondateur de l’association et adjoint au maire de Lorient, vice-président en charge de la transition écologique de l’agglomération. On va le retrouver dans le quartier Bois du Château. C’est un quartier prioritaire de la ville qui fait peau neuve. On démolit pour reconstruire. Et la question du réemploi des matériaux est bien, elle est au cœur de ce chantier.
Salutation
Romain Poisot :
Merci beaucoup Marie-Laure Lamy.
Marie-Laure Lamy :
Merci à vous.
Romain Poisot :
On se trouve au nord de Lorient. On arrive sur un gigantesque chantier. Une tour de quinze étages a été entièrement démolie. Une autre devrait tomber dans les prochaines semaines. La voirie, ici, elle est complètement accidentée par les engins de chantier, les pelleteuses sont à l’œuvre. Ici, tout va être remodelé : les accès piétons, le bâti et les matériaux sont là, à disposition sur place, pour pouvoir reconstruire.
Ambiance : un chantier.
Des rues vont être effacées, d’autres vont être créées. C’est ça un remodelage intégral du quartier.
Bruno Paris :
Bruno Paris, adjoint au maire de Lorient en charge de transition énergétique et de l’environnement et également vice-président de Lorient Agglomération, en charge de la transition écologique. Au Bois du Château, le quartier Bois du Château est un quartier prioritaire, peut être un des plus pauvres de Bretagne. Il ne s’agit pas simplement de faire de la démolition. On va aussi faire de la réhabilitation lourde sur un certain nombre de bâtiments.
C’est vrai qu’on a eu tendance dans les décennies précédentes, à raser, reconstruire avec des matériaux neufs et validés. Aussi explorer d’autres voies de réutilisation des matériaux, c’est quelque chose qui participera à des bilans écologiques qui sont plus favorables. Le gouvernement, l’État, l’Europe, nous engage à aller dans ce sens-là parce qu’on sait que on doit faire de l’économie de ressources naturelles et donc on doit de moins en moins aller taper dans des espaces naturels pour trouver les matériaux, mais au contraire réutiliser au mieux tous ces matériaux qui sont disponibles et parfois de qualité.
Romain Poisot :
L’objectif, c’est de créer une plateforme de réemploi des matériaux directement sur le quartier Bois du Château. Une sorte de hangar d’atelier pour reconditionner les matériaux, les mobiliers issus de la déconstruction du quartier.
Bruno Paris :
Ça reste cohérent. On ne va pas déconstruire ici du béton, des murs de béton pour les envoyer à Dunkerque ou les envoyer à Nice. Ça n’a aucun sens, ça n’a aucun sens. Cette plateforme, elle peut être aussi l’occasion d’expérimenter à petite échelle ces problématiques-là de stockage de flux. Puis, au-delà des matériaux du bâtiment, on a aussi un quartier qui est très vert, avec beaucoup, beaucoup d’arbres et immanquablement, malheureusement, un certain nombre de réaménagement du quartier vont entraîner la nécessité d’abattre. Notre idée principale, c’est que la plateforme de réemploi, c’est une plateforme qui vise essentiellement à faire du matériau, à mettre à disposition des matériaux pour pouvoir réaménager l’espace public.
Romain Poisot :
C’est à dire, par exemple, les arbres seraient réutilisés pour créer des jouets en bois, des bancs, au sein du quartier.
Bruno Paris :
De jeux peut-être. Que ce bois de qualité puisse rester sur le quartier. L’idée, ce n’est pas que ce soit un one shot, c’est à dire que sur les dix années ou plus qui vont être nécessaires pour réhabiliter le quartier, cette plateforme ne serve qu’aux quartiers. Mais qu’elle puisse participer de la formation, participer à la montée en compétence d’un certain nombre d’acteurs pour que, in fine, le mécanisme de réemploi des matériaux au moment d’une déconstruction soit quelque chose qui devienne un peu gravé dans le marbre. Mais essayer d’avancer seul, ça ne présente pas beaucoup d’intérêt. L’idée, c’est d’entraîner, de proposer. Et là, c’est vrai qu’avec Morbihan Habitat, on a…
Romain Poisot :
Vous avez créé du lien ?
Bruno Paris :
Oui, depuis pas mal de temps, ils sont aussi très intéressés de se saisir de la proposition de réemployer des matériaux. C’est plutôt encourageant.
Romain Poisot :
En attendant que la plateforme soit réalisée. Le bailleur social Morbihan Habitat s’est engagé à récupérer des matériaux sur son chantier.
Mickael Couty :
On a déjà démoli une tour. Ce n’est que le début. Ce sont des opportunités de réemploi importantes.
Romain Poisot :
Un diagnostic a été réalisé sur l’ensemble du quartier « Diagnostic ressources », qui va rechercher les débouchés de réemploi pour chacun des matériaux. Et vous allez l’entendre. Ce sont des associations qui sont sollicitées pour récupérer. Mickaël Couty est directeur du patrimoine chez Morbihan Habitat.
Mickael Couty :
Vous avez comme des associations comme Tri’n’Collect, La Matériaux Tech de Ploemel, l’Ecrevis savent faire. En fait, c’est retrouver des débouchés et ils peuvent nous aider à faire l’intermédiaire. Là où c’est encore plus intéressant, c’est lorsque vous pouvez retrouver des débouchés sur site pour limiter les transports, pour arriver à vraiment créer une économie circulaire. C’est aussi tout l’objet de COOP’PTER, c’est de regrouper les acteurs locaux, prendre connaissance de l’écosystème local. Et c’est là aussi ce que vous dites le changement chez les bailleurs, c’est qu’effectivement on agit plus, on est devenu collectif.
Romain Poisot :
Vous n’êtes plus seuls ?
Mickael Couty :
On n’est plus seuls parce que tout seul on n’arrive pas.
Romain Poisot :
On suit, le maître des clés, passe partout. On peut vous appeler passe partout ?
Mickael Couty :
Oui, si vous voulez.
Ambiance : dans l’ascenseur : 4ème étage.
Mickael Couty :
Voilà donc l’heureux élu, c’est le 698.
Romain Poisot :
Le 698. Très bien. J’imagine qu’il y a plein de choses à récupérer.
Romain Poisot (voix-off) :
Tous les matériaux sont répertoriés, comptés, évalués pour être récupérés par des associations : volets roulants, parquets, évier. Mais avant la démolition, il faudra réaliser une dépose soignée.
Dialogue
Romain Poisot :
Là, on a l’huisserie PVC qui est plutôt en bon état. Est-ce que ça, c’est répertorié dans votre magazine du réemploi ?
Mickael Couty :
On a le nombre de vitrages de 270 unités.
Romain Poisot :
Vous avez aussi des radiateurs en fonte.
Mickael Couty :
Oui, ils peuvent intéresser beaucoup de personnes. Et tout ça, c’est effectivement recensé. On a tout à fait l’exemple d’un PVC en plutôt bon état. On peut le passer dans un bain, une remise à neuf quelque part. C’est ce qu’on veut développer avec Emmaüs Action Ouest.
Romain Poisot :
L’ambition, c’est qu’il dépose ensuite, qu’il reconditionne, qu’il nettoie les sanitaires, les toilettes et ensuite vous le rachetez.
Mickael Couty :
Voilà. Après, il faut déterminer les conditions de reprise. Il y aura forcément coût de dépose de reconditionnement et on avance pas à pas pour aller plus loin.
Romain Poisot (voix-off) :
Pour travailler en bonne intelligence avec les acteurs de l’économie sociale et solidaire, il faut se coordonner, coopérer et lever les freins à la récupération des matériaux. C’est tout le travail de l’association Aloen.
Germain Garry :
Nous, on est très réseau.
Romain Poisot :
Vous êtes une agence matrimoniale ?
Germain Garry :
Oui, je cherchais ce mot depuis tout à l’heure !
Romain Poisot :
Germain Garris est chargé de mission chez Aloen. Son travail, c’est tout simplement de sensibiliser les différents acteurs, mais surtout de rendre accessible, possible le réemploi.
Germain Garry :
Effectivement, il y a des contraintes, mais si on ne fait que regarder ça, on ne fait rien. Alors qu’il y a plein de solutions qui existent, on peut commencer par des petits pas, notamment par des matériaux plus simples que d’autres, comme les revêtements de sols. Des sanitaires qui on ne peut même pas voir que c’est du reconditionné. Il y a plein de matériaux comme ça. Ça part des mètres carrés et des mètres carrés de terrain ou de parquet. On parle de petits matériaux dans le sens où il y a peu de contraintes.
Romain Poisot :
Peu de contraintes, peu de normes.
Germain Garry :
Oui, Notamment techniques, par exemple techniques dans la dépose technique, dans la réintégration du matériau une fois qu’il a été reconditionné. Assurantielle forcément des garanties, donc, en répondant à des enjeux de l’insertion, en répondant à des enjeux de déchets pour une agglomération à réduire l’enfouissement. C’est du bon sens. Par contre, les rails sont très bien dessinés sur le chemin du neuf. Aujourd’hui, il faut sortir du rail, ce n’est pas facile.
Romain Poisot (voix-off) :
Et sur ces petits matériaux, les associations répondent présentes. C’est le cas d’Optimisme, l’association est engagée elle aussi dans le programme COOP’PTER, soutenue par l’ADEME. L’idée, c’est de construire une véritable filière pérenne du réemploi avec les acteurs de l’économie sociale et solidaire.
Paul Gautier :
Paul Gautier. Je suis le responsable administratif et financier d’une structure associative qui s’appelle Optimisme. C’est une structure qui porte des chantiers d’insertion et des entreprises d’insertion sur le territoire de Lorient et on beaucoup de productions agricoles. On réfléchit à intervenir sur des procédés de réemploi de matériaux du BTP dans lesquels on pourrait nous en réfléchir à de l’insertion, donc aussi de la formation professionnelle pour des personnes qui voudraient intervenir sur ce champ-là. Donc on va faire aussi aujourd’hui plutôt du réemploi, un peu de changement de fonction de certains matériaux qui vont pouvoir nous aider à aménager des jardins, donc faire du semis protégé avec des fenêtres, ça peut être réfléchir sur des bardages bois pour réemployés pour faire courir des kiwis. Avec à la clé des emplois d’insertion et une filière, on va dire une filière quand même réemploi local qu’on essaye de mettre en place avec des formations notamment pour la dépose sélective, qui sont des métiers particuliers. Le reconditionnement, on aborde la chose en tant qu’association, avec des objectifs aussi de chiffre d’affaires mais on est, on est du milieu associatif. Il y a Morbihan Habitat avec un dispositif juridique différent, des acteurs privés.
Romain Poisot :
Et est-ce que l’écart, le fossé, n’est pas trop important entre vous, associatif, et un gros bailleur comme Morbihan Habitat ?
Paul Gautier :
On se rend compte qu’il y a des enjeux qui sont très similaires dans la gestion des coûts, au niveau même des relations politiques sur des territoires comme le nôtre.
Romain Poisot (voix-off) :
Associations, collectivités, bailleur social.
Paul Gautier :
On n’est pas si différents.
Romain Poisot (voix-off) :
Tous ensemble pour reconstruire le monde de demain.
Paul Gautier :
Clairement, on espère pouvoir le construire aujourd’hui ce monde de demain.
Marie-Laure Lamy :
Tous les changements sociétaux, économiques, de gouvernance qu’on a à faire là en ce moment. Ils vont juste nous amener à un meilleur bien être sur notre planète.
Paul Gautier :
Avant la guerre, le réemploi, c’était une pratique commune. Retour au bon sens, retour à une logique qu’on a perdue avec l’économie linéaire de volumes ou chose, il faut vendre un maximum.
Mickael Couty :
Préparer l’avenir, c’est plus une option, c’est une obligation. Ce n’est pas de regretter plus tard disant je n’ai pas bougé, je ne sais pas comment faire. Faut agir.
Bruno Paris :
Faut faire quelque chose de concret et y aller, et mettre les mains sous le capot et voir comment ça marche.
Conclusion – voix off :
Vous venez d’écouter Territoire et sobriété. Les bonnes questions pour accélérer la transition écologique des collectivités. Une série podcast proposée par l’ADEME, le ministère de la Transition écologique et RMC à retrouver sur vos plateformes d’écoute préférée.
Pour se poser les bonnes questions epargnonsnosressources.gouv.fr/collectivites
Les Portes du Haut Doubs, sur le chemin de l’économie circulaire
Comment mutualiser les moyens et les ressources pour le réemploi des matériaux ?
Rejoignons la communauté de communes des Portes du Haut-Doubs et découvrons comment l’ADEME a aidé le territoire à développer la sobriété d’usage et de matière. Et aussi pourquoi la mobilisation de plusieurs acteurs (entreprises, artisans, structures publiques et associations) est nécessaire pour atteindre ces objectifs et économiser les ressources.
Écoutez le podcast Territoires & Sobriété
Introduction – Voix-off :
Et si on se posait les bonnes questions pour accélérer la transition écologique des collectivités ?
Dans « Territoires et sobriété », le podcast de l’ADEME et du ministère de la Transition écologique, on vous propose un Tour de France des initiatives locales sur le chemin de la sobriété matérielle. Notre journaliste, Romain Poisot, dresse le portrait de collectivités qui ont franchi le pas.
Alors, laissez-vous guider par celles et ceux qui impulsent le changement.
Romain Poisot :
Cette semaine, je vous emmène dans la communauté de communes des Portes des Haut-Doubs, c’est juste à côté de Besançon.
On va voir comment la sobriété matérielle s’organise en zone rurale. Vous savez, la sobriété, c’est le fait de limiter sa consommation pour ne pas nuire à notre environnement, pour éviter d’utiliser trop de ressources de notre planète. Et ça, c’est essentiel.
Pour y parvenir, dans les Haut-Doubs, on se serre les coudes, on se coordonne entre artisans, entreprises, associations avec le soutien des pouvoirs publics et de l’ADEME, l’agence de la transition écologique. Avant les bennes, posons-nous les bonnes questions, car il est toujours possible de valoriser ou de donner une seconde vie aux matériaux. Les solutions, elles sont là, elles sont déjà à l’œuvre.
Laissez-vous porter, écoutez. Direction la communauté de communes des Portes des Haut-Doubs où rien ne se perd et tout se récupèrent.
Train SNCF :
Dans quelques instants, nous arrivons en gare de Besançon terminus.
Ouverture des portes.
Ambiance dans un café.
Romain Poisot :
Il est 7 h du matin et on va tout de suite se rendre dans un endroit charmant par une belle matinée brumeuse. La déchèterie de Valdahon, c’est un passage obligé pour prendre conscience de la quantité de déchets qui arrivent quotidiennement dans les bennes. Une fin qui n’est pas inéluctable. Nous expliquera Pierre-François Bernard, c’est le vice-président de la communauté de communes des Portes des haut-Doubs.
Romain Poisot :
Cet amas de déchets, c’est assez impressionnant.
Pierre-François Bernard :
Oui, c’est hallucinant quand on y pense. C’est vertigineux.
Salutation
Romain Poisot :
Bonjour Pierre François Bernard.
Pierre François Bernard :
Bonjour.
Romain Poisot :
Vous êtes maire d’une petite commune rurale, Les Premiers Sapins et vous êtes aussi en charge de la mobilisation territoriale pour la réduction des déchets dans la communauté de communes. Vous êtes, en somme, un peu le mobilisateur et ça, on le verra tout à l’heure ça a du sens. On est venu ce matin à la déchetterie, ici à Valdahon, car c’est ici qu’est né le constat dans votre communauté de communes, qu’il y avait trop de déchets, mais surtout qu’on pouvait agir en amont, bien avant les bennes, c’est ça ?
Pierre François Bernard :
Oui, tout à fait, vous avez raison. On a fait ce constat par des études préalables. Les filières s’accumulaient, les déchets s’accumulaient.
Romain Poisot :
Quels types de déchets ? Vous avez beaucoup de mobilier, des matériaux ?
Pierre François Bernard :
Oui, du mobilier, des matériaux et surtout, on s’est aperçu par une étude d’opportunité que beaucoup de ces matériaux étaient réutilisables.
Romain Poisot :
Cette déchetterie, elle va évoluer. Ça va être la déchetterie du futur. Tout cet amas finalement de matériaux. On a du mobilier, de la tôle avant d’arriver dans cette benne-là. Ça va passer dans la moulinette du réemploi ?
Pierre François Bernard :
Oui, tout à fait. Ce site va être complètement modifié où avant d’aller à la déchetterie vous allez passer à la ressourcerie. On passera dans le haut-vent de la nouvelle ressourcerie pour déposer ses déchets. Du coup, la personne ne pensera non plus déchets mais objets. Il y aura des espaces d’accompagnement de sensibilisation, de formation, de réutilisation du matériel, de relooking, de lavage de bouteilles. Donc une nouvelle économie, une nouvelle façon de penser. Et après, sur le déchet ultime, on le déposera en effet en déchetterie.
Romain Poisot – voix-off :
L’objectif de la communauté de communes, c’est de réduire le nombre de déchets de 400 tonnes par an.
Pierre François Bernard :
Ça sera un pôle d’emplois important. Il y aura une cinquantaine de personnes qui vont travailler, ça va s’appeler « La Maison du réemploi ». Et donc on est en train de mobiliser les associations des citoyens pour qu’ils puissent gérer ce lieu dans un système économique un peu hybride. Il y aura sûrement un peu de subventions parce qu’on est sûr de l’intérêt général. Mais il y aura aussi un modèle économique qui sera issu de la vente et de la transformation des objets considérés comme un investissement pour l’avenir. Donc oui, ça va coûter cher, c’est 13 millions d’euros ici. C’est des investissements qui sont nécessaires au regard des enjeux, pour moi, on ne se pose pas de questions.
On a l’ADEME qui nous aide, qui nous accompagne par du financement, qui nous accompagne aussi par l’accompagnement de nos chargés de mission sur du coaching. Donc on n’est pas tout seul. Je pense que les collectivités qu’on est, on doit avoir un rôle de pionniers sur les territoires et ce rôle de pionnier, parfois, on traverse le désert parce que ce n’est pas facile et donc il faut qu’on soit accompagnés et réconfortés dans nos intuitions. Il y a plein de ressources sur le territoire, à la fois humaines et des déchets qui doivent devenir des objets. Et l’enjeu de l’élu, c’est de mobiliser les gens autour, autour de ces enjeux.
Romain Poisot :
Mais ils n’arrivent pas tout seuls l’élu ?
Pierre François Bernard :
Il faut travaille avec les entreprises qui sont beaucoup plus réactives que nous et plus proche du terrain, avec les acteurs de l’économie sociale et solidaire et les citoyens. Il faut passer de « l’égo-système » de l’élu à un écosystème territorial. Il y a une vraie jubilation et un vrai bonheur de rassembler une vraie plénitude de l’élu à mettre des gens en mouvement, à leur faciliter le job et à voir que ça les rassemble et qu’ils ont envie de bosser ensemble.
Romain Poisot – voix-off :
Alors, en attendant que la déchetterie du futur soit mise en place, direction Morteau, on va parler de la bourse aux matériaux organisée par la communauté de communes, l’ADEME et PREVAL, c’est le syndicat mixte qui gère la prévention et la valorisation des déchets. Une vente qui a lieu une fois par an où les entreprises écoulent leurs surplus.
Rien que l’année dernière, 70 tonnes de matériaux ont été remis en circulation, fins de séries, chutes de parquet, éléments sanitaires, mobilier. On a rendez-vous avec Charles Gaume qui s’occupe de coordonner cette bourse pour l’entreprise Simonin, entreprise spécialisée dans les constructions en bois.
Ambiance de chantier
Charles Gaume :
Ça, c’est l’épicéa, vieux bois.
Dialogue
Romain Poisot :
C’est ce hangar-là qu’il y a deux milles mètres carrés qui sont remplis de planches de bois ?
Charles Gaume :
Oui, de surplus, des fins de fins de série justement.
Romain Poisot :
C’est donc ça que vous vendez à la Bourse de matériaux ? C’est tous les surplus fins de série que vous n’utilisez pas, finalement, que vous ne valorisez pas ?
Charles Gaume :
Qu’on ne valorise pas, oui et non, parce que tout matériau coûte cher aujourd’hui. Donc, il est important d’avoir un circuit qui permette justement de valoriser celui-ci jusqu’à son dernier copeau. Un matériau qui est destiné au départ pour faire une charpente, peut très bien être utilisé pour faire juste un habillage intérieur.
On va aller de l’autre côté du bâtiment.
Romain Poisot :
Ça marche.
Charles Gaume :
Vous pouvez voir que des produits finis sortent de la cabine de la ligne de production et lorsque justement on remarque un simple dépôt, on a des éclats, on a des morceaux de bois qui sont partis. Typiquement, ce sont des morceaux qu’on ne peut pas utiliser et qui sortent très bien pour avoir ce matériau.
Romain Poisot :
Tout se récupère, tout sert.
Charles Gaume :
Comme dirait Lavoisier. « Rien ne se perd, tout se transforme ».
Romain Poisot – voix off :
Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme, disait le célèbre chimiste et philosophe Antoine Lavoisier. Eh bien, cette maxime certains artisans du Haut-Doubs cherchent à l’appliquer à la lettre.
Charles Gaume :
J’ai récupéré cette porte, par exemple, que j’ai chiné 10 € celle-ci. Donc, ce n’est rien du tout.
Romain Poisot – voix off :
C’est le cas de Cyril, à Morteau. Il rénove un local commercial avec plus de 80 % de matériaux de réemploi.
Romain Poisot :
Bonjour Cyril. Romain, enchanté.
Cyril Billod :
Ravi. Bonjour, je vous accueille dans le chantier. Romain Poisot : C’est essentiellement du matériel de réemploi ici. C’est bien ça ?
Cyril Billod :
Beaucoup de matériel, de l’emploi. J’ai participé à la bourse aux matériaux. Je sais pas mal, pas mal de matériaux à ce moment-là.
Romain Poisot :
On sent qu’en fait, chez les artisans, il y a une vraie demande de matériel de réemploi pour les chantiers et pour limiter le coût des chantiers.
Cyril Billod :
Ça dépend des artisans. Il y en a qui ont conscience, je pense sur les chantiers qu’on a envie de mieux faire, envie de montrer que finalement, le côté gros œuvre, ça peut être aussi du réemploi, de la réutilisation, broyer les pierres et les réutiliser éventuellement, ce genre de choses.
Romain Poisot :
Vous avez pris le parti de récupérer du matériel ?
Cyril Billod :
En effet, pour plusieurs raisons. Je trouve que c’est du matériel costaud. Là, on est sur un matériel qui est très fonctionnel, avec des portes qui se referme en douceur, etc. Donc pas besoin de le jeter pour être réutilisé.
Romain Poisot :
C’est du matériel qui neuf coûterait très cher. En effet.
Cyril Billod :
Là je l’ai eu pour 250 € toute une cuisine.
Romain Poisot :
Alors que normalement ?
Cyril Billod :
On a bien 5 000 € une cuisine entre cinq et 15 000 €. Une cuisine, c’est du bois massif, c’est du chêne. Et sinon, sur le Bon Coin, le bouche à oreille, Facebook.
Romain Poisot :
Ça prend plus de temps ? En fait.
Cyril Billod :
Pas forcément. Ça va me prendre un temps différent. Parce que d’aller dans le magasin des fois, qui est loin d’ici à 60 kilomètres : Besançon, Pontarlier, ça prend quand même un temps aussi considérable pour le véhicule qui va avec tout ça, donc ce n’est pas si évident.
Romain Poisot :
On dépense de carburant.
Cyril Billod :
Il faut prendre le temps, il faut travailler autrement. Prochainement, d’aller dans une recyclerie, c’est quelque chose qui me plaît parce que ça me permet aussi de choisir. C’est quand même un gain de temps et un gain d’argent effectivement, mais aussi une réutilisation. Donc c’est vraiment pertinent dans le contexte actuel.
Romain Poisot :
Merci Cyril.
Cyril Billod :
Je vous en prie.
Romain Poisot – voix-off :
Pour faciliter le réemploi des matériaux. La communauté de communes a mis en place, en partenariat avec l’ADEME, une plateforme internet dédiée à l’économie circulaire. C’est un site sur lequel toutes les entreprises peuvent communiquer sur leurs surplus, leurs occasions ou leurs services. Car la sobriété, c’est aussi éviter de consommer seulement pour ses propres besoins. C’est mutualiser les services, travailler ensemble pour être plus vertueux.
Au centre de tri postal de Valdahon, on organise des réunions chez un vérandaliste de la ville. Vous allez l’entendre.
Ambiance : dans une poste
Romain Poisot :
Cédric Marquand, directeur d’établissement La Poste sur le secteur du Haut-Doubs en Franche-Comté.
Cédric Marquand :
Nous ne disposons pas de salle de réunion. L’intégralité de l’espace immobilier est dédiée à la production et donc l’intérêt de la plateforme Synergie réside pour nous dans l’accessibilité à des salles de réunion que des professionnels sur le territoire pourraient nous mettre à disposition.
Romain Poisot :
Typiquement, vous allez chez un vérandaliste pour faire vos réunions.
Cédric Marquand :
C’est exactement ça. C’est gracieusement et gratuitement ! Nous pouvons accéder à la salle et faire une réunion d’équipe.
Romain Poisot – voix-off :
La Poste joue elle aussi le jeu de la plateforme Synergie. Elle propose régulièrement et gracieusement du mobilier aux entreprises locales.
Cédric Marquand :
Plutôt que des services. Nous proposons des mobiliers, par exemple, dont nous n’avons plus besoin, qui encombrent nos espaces et plutôt que d’aller les mettre à la déchetterie. C’est proposé sur le territoire local.
Romain Poisot :
>Et c’est quel type de mobilier ?
Cédric Marquand :
Des bureaux, des bureaux, des chaises, des dons dont nous n’avons plus besoin.
Romain Poisot :
Je peux vous acheter un chariot par exemple. Vous pouvez me donner un chariot ?
Cédric Marquand :
S’il n’est pas utile, oui !
Romain Poisot :
Écoutez, je vais rentrer à Paris avec mon chariot postal !
Romain Poisot – voix-off :
Tous les mois, l’entreprise Véranda Rêve accueille donc les agents postaux pour leur réunion.
Ambiance : dans un café.
Sébastien Péquignot :
Le chauffage est là. Il reste pour être chaud le lendemain matin. Moi ça ne me coûte rien de mettre à disposition car c’est là. Donc soyons humains, coopérons les uns les autres et puis prêtons-nous les choses qui existent déjà.
Romain Poisot – voix-off :
Mais l’entreprise offre d’autres services qu’elle met en ligne sur la plateforme Synergie de la communauté de communes.
Dialogue
Sébastien Péquignot :
Sébastien Petit, je suis gérant de la société Véranda Rêve. En fonction des besoins de la personne, ça peut être un véhicule, en l’occurrence le véhicule du conducteur de travaux. Mais ça peut être les remorques qui sont la base arrière. Aujourd’hui, il y en a de quatre, mais on en a sept au total. On a un échafaudage, donc on le met à disposition. Style 40 € par jour ou 50 € par jour.
Romain Poisot :
Ce n’est rien.
Sébastien Péquignot :
C’est plus pour une question d’assurances, encore une fois, que pour en tirer un profit économique. Entre entreprises de la zone, on se prête parfois les manitous lorsqu’il y en a un qui est en panne.
Romain Poisot :
Et sur les matériaux, j’entends que ça travaille dans l’atelier sur les matériaux bois.
Sébastien Péquignot :
Oui.
Romain Poisot :
Typiquement, Est ce que ça aussi, les chutes et le surplus, vous le mettez sur la plateforme ou pas du tout ?
Sébastien Péquignot :
Il peut y avoir plusieurs choses : ça peut être des belles chutes ou des restants de lambris. On essaie de se dépanner comme on pense qu’on peut. La plateforme a tout son intérêt puisque ça permet de communiquer sur ce qu’on a et éventuellement sur ce qu’on recherche quand on a des besoins aussi.
Romain Poisot – voix-off :
Bourse aux matériaux, plateforme d’échanges, la communauté de communes du Haut-Doubs cherche donc à diversifier les outils du réemploi. D’ici deux ans, la déchetterie du futur ouvrira ses portes à Valdahon et elle viendra compléter ce maillage territorial du recyclage. A Maiche à une trentaine de kilomètres, il existe déjà une recyclerie qui a inspiré les élus et elle a tout pour convaincre.
Céline Renaud :
L’année dernière, on a à peu près collecté 210 tonnes d’objets. Et après, on arrive à en revendre à peu près 90 tonnes.
Romain Poisot :
Céline Renaud, responsable de la recyclerie Re bon à Maiche.
Céline Renaud :
Ça, c’est notre stock.
Romain Poisot :
On a des canapés, des chaises, des meubles. Il y a un peu de tout.
Céline Renaud :
Il y a un peu de tout ce qui est stocke, un peu comme on peut faire des jeux, des jouets. Et donc là, on a deux ateliers ou les salariés, vont trier justement. Et mettre d’un côté ce qui est vendable et de l’autre ce qui malheureusement va repartir dans les filières ou en déchetterie. Parce que.
Romain Poisot :
Trier, réparer aussi.
Céline Renaud :
Réparer, oui, un petit peu.
Romain Poisot :
Nous voici dans le magasin.
Céline Renaud :
Dans le magasin, on a à peu près 17 salariés qui sont en parcours d’insertion. On est cinq permanents également dans la structure et notre structure est viable économiquement en tout cas. Le but de l’association, je pense, plaît aux gens. Le fait de permettre à la fois de réduire les déchets, de réemployer des objets et à la fois de permettre à des salariés, des gens qui rencontrent des difficultés, de retrouver un emploi pérenne. Je pense que ce sont les buts qui plaisent à la population et qui font qu’ils donnent plus facilement des choses et que ça fonctionne.
Romain Poisot :
Ils ont le sentiment de servir un intérêt général ?
Céline Renaud :
Oui, tout à fait.
Romain Poisot :
Il y a un modèle économique à construire autour de ça.
Céline Renaud :
Je pense qu’on est vraiment sur une période où il y a une grosse sensibilisation des gens à l’économie circulaire, à tout ce qu’on jette.
Romain Poisot :
Ici, vous avez bénéficié des aides de l’ADEME.
Céline Renaud :
On a eu des aides effectivement de l’ADEME pour nous permettre de s’équiper au départ de la recyclerie. Les soutiens en général sont très importants pour créer une recyclerie. C’est un beau projet qui plaît vraiment aux habitants et qui a vraiment du sens à l’heure actuelle. C’est un outil de sensibilisation très très fort. On accueille une classe de scolaires tous les mois pour nous, pour leur expliquer comment ça fonctionne.
Romain Poisot :
Finalement, c’est la vitrine du réemploi.
Céline Renaud :
Oui, un peu, oui
Bruitage d’un jouet fonctionnel : Apprenons l’alphabet ensemble.
Romain Poisot :
Cet accordéon-là vous l’avez reçu il n’y a pas longtemps ?
Céline Renaud :
Samedi, il est arrivé. Samedi dans les locaux.
Romain Poisot :
Et il est en très bon état ?
Céline Renaud :
Il semble fonctionner.
Romain Poisot :
Parfait !
Conclusion – voix off :
Vous venez d’écouter Territoire et sobriété. Les bonnes questions pour accélérer la transition écologique des collectivités. Une série podcast proposée par l’ADEME, le ministère de la Transition écologique et RMC à retrouver sur vos plateformes d’écoute préférée.
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Le SICOVAL et la sobriété positive
Comment bien identifier les besoins réels et trouver les solutions pour y répondre ?
Partons pour le SICOVAL où la coopération entre la communauté d’agglomération du Sicoval, l’ADEME et d’autres acteurs du territoire, a permis d’innover et de créer des boucles positives sur le territoire. Mettre en place une politique d’économie circulaire, valoriser des activités économiques durables, créer un jeu de société des achats pour les rationaliser… nous allons comprendre comment les interactions entre acteurs rendent cela possible.
Écoutez le podcast Territoires & Sobriété
Introduction – voix off :
Et si on se posait les bonnes questions pour accélérer la transition écologique des collectivités ?
Dans « Territoires et sobriété », le podcast de l’ADEME et du ministère de la Transition écologique, on vous propose un Tour de France des initiatives locales sur le chemin de la sobriété matérielle. Notre journaliste, Romain Poisot, dresse le portrait de collectivités qui ont franchi le pas.
Alors, laissez-vous guider par celles et ceux qui impulsent le changement.
Romain Poisot :
Cette semaine, je vous emmène au Sud-Est de Toulouse, dans la communauté d’agglomération du Sicoval. Et figurez-vous qu’on va jouer. On va jouer avec un drôle d’outil, comme un jeu de société. C’est une sorte de jeu de l’oie pour déterminer les besoins de la collectivité afin de viser la sobriété matérielle. La sobriété matérielle, vous connaissez ? C’est le fait de limiter la consommation de matériel pour ne pas nuire à son environnement. C’est essentiel.
Les solutions, elles sont là. Elles sont déjà à l’œuvre. Laissez-vous porter, écoutez. Direction le Sicoval. Rien ne se perd, tout se récupère.
SNCF :
Bienvenue à bord du TGV n°8509 à destination de Toulouse Matabiau.
Romain Poisot :
Bienvenue au Sud-Est de l’agglomération toulousaine. On va tout de suite lancer les dés. On ne perd pas de temps, direction le centre des achats de l’agglomération. C’est là que toutes les décisions en matière d’achats de matériel, de construction, de fournitures de bureau par exemple, sont prises. Et ces décisions sont prises grâce à un jeu, le jeu de la sobriété matérielle.
Parce que dans une collectivité, avant d’acheter, il faut se poser les bonnes questions : est-ce qu’on en a vraiment besoin ? Et est-ce que la ressource n’est pas déjà disponible ?
Romain Poisot :
Bonjour Mickaël Philippon.
Mickaël Philippon :
Bonjour.
Romain Poisot :
Vous êtes directeur de la commande publique à la communauté d’agglomération. On m’a parlé d’un jeu, un jeu qui relève un peu le défi de la sobriété matérielle au sein de l’agglomération. Est-ce que vous pourriez me présenter un peu ?
Mickaël Philippon :
Oui, bien sûr. Alors en fait, c’est l’idée de Monopoly, des achats.
Romain Poisot :
Ça ressemble un peu sur le principe du Monopoly, avec un jeu, avec des cases, ect.
Mickaël Philippon :
Finalement, le principe même de ces cases-là, c’était de fixer justement un point de départ. Comme dans le jeu, on essaye de dire aux services prescripteurs de nous solliciter plus d’un an avant la relance de leurs marchés récurrents.
Romain Poisot :
Les marchés récurrents, ça peut être le matériel pour les travaux de voirie, le mobilier dans les différents services de l’agglomération ou l’achat de produits de maintenance, d’outillage, de matériel pour les services sociaux ou l’éducation.
Mickaël Philippon :
Avant, on était finalement missionnés pour faire un achat. On avait quinze jours pour réfléchir. Donc on a imposé ce temps d’anticipation qui permette vraiment de s’interroger sur le besoin. Si on avait eu quinze jours pour réfléchir, jamais on n’aurait osé essayer d’acheter du mobilier d’occasion. Donc c’est déjà s’interroger sur ce que j’en ai réellement besoin ? Est-ce que j’ai déjà des marchés qui pourraient couvrir ce besoin ?
On a un magasin. Est-ce que je peux m’approvisionner aussi auprès du magasin avant de passer l’acte d’achat ? On peut aussi sans trop réfléchir, revenir à l’achat qu’on avait fait il y a quatre ou cinq ans.
Romain Poisot :
Un peu automatique.
Mickaël Philippon :
Un peu de manière automatique, en faisant bêtement et tout simplement du copier-coller. Et c’est exactement cet écueil là qu’on a cherché à éviter en initiant avec ce jeu finalement, cette réflexion-là.
Romain Poisot :
Grâce à ce jeu-là, vous vous évaluer à combien sur les économies en termes de matériaux réalisées sur l’agglomération ?
Mickaël Philippon :
Les achats au Sicoval, c’est quasiment le quart du budget annuel. Donc c’est un levier fort pour nos élus. Depuis cette démarche là, ça se chiffre à plusieurs millions par an d’économie, sans réduire la qualité et en allant même parfois sur des achats encore plus ambitieux qui ne l’étaient à plusieurs millions.
Voix off :
Pour organiser l’achat de matériaux de recyclage, de récupération au sein de l’agglomération notamment. Il existe un chef d’orchestre.
L’entreprise à but non lucratif, Valdelia. Elle est agréée par les pouvoirs publics et elle travaille avec des artisans de l’économie sociale et solidaire pour redonner une seconde vie aux matériaux, mais aussi avec des entreprises qui souhaitent tout simplement se débarrasser de leur mobilier en fin de vie.
Salutation :
Bonjour,
Bonjour Benjamin.
Bonjour Monsieur.
Benjamin Armengaud :
Je suis Benjamin Armengaud. Je suis directeur de la communication de l’éco organisme en Valdelia. On est à peu près 3000 entreprises sur le territoire français qui font régulièrement appel à nos services pour se débarrasser de leur mobilier. On collecte entre 70 et 90 000 tonnes de mobilier en fin de vie chaque année. On a cinq pour cent confiés aux entreprises de l’économie sociale et solidaire à des fins de réutilisation, qui vont avoir l’occasion de les réparer, quand il y a des petites choses à faire, de les réhabiliter, de faire du surfacing ou des choses des choses comme ça.
Romain Poisot :
Et le reste ?
Benjamin Armengaud :
Et le reste, c’est recycler. Matières premières secondaires pour pouvoir réinjecter de la nouvelle matière première dans la fabrication de nouveaux mobiliers.
C’est vertueux, mais il y a quand même un impératif pour les collectivités de faire des économies. Je veux dire, c’est aussi la ligne directrice quand on se pose les bonnes questions, se disant à la base comment on fait pour réduire nos coûts.
Récemment, on a équipé un camping pas loin d’ici, dans la commune de Carvin, qui se mettait en place et qui n’avait pas les moyens de financer du mobilier neuf. On a pu lui proposer du mobilier, donc des tables, des chaises de restauration. Ça lui a coûté 500 € à peu près. Et il a de quoi asseoir et faire manger plus d’une trentaine de personnes. Et de la même façon, il va se passer un peu la même chose avec les collectivités. C’est des choses qu’on va aller encourager.
Il y a deux ans, la commune de Castanet-Tolosan a pu bénéficier de mobilier de récupération grâce à ce partenariat entre Valdelia et l’Agglomération. Du mobilier pour le tout nouveau centre de loisirs très bas carbone de la commune.
Salutation :
Bonjour.
Ça va ?
Ah oui, sécurité enfants.
Romain Poisot :
Alors ce bâtiment, c’est combien d’enfants alors ?
Danièle Pisani :
Pour un centre de loisirs au maximum, on peut aller jusqu’à 300.
Romain Poisot :
Danièle Pisani, directrice du centre de loisirs
Et donc, pour tous ces enfants-là, il fallait du mobilier pour équiper le centre de loisirs. Vous avez une surface de combien d’ailleurs ici ?
Danièle Pisani :
2000 mètres carrés, il me semble.
Romain Poisot :
Et toutes les pièces sont bien remplies ?
Danièle Pisani :
Et toutes les pièces sont bien remplies. Je vais vous faire visiter
Les salles et tout le mobilier du centre de loisirs, c’est 80-85 % du réemploi. Dans les salles, il y a des chaises qui datent des années 80, qui sont toujours très bien. Donc il n’y a pas de raison de les jeter et les enfants ne s’en offusquent pas. Ça donne une petite âme. On sait que derrière, il y a eu du vécu et je trouve que ça, c’est important. Ça nous ramène aussi à nos souvenirs.
Romain Poisot :
C’est du mobilier qui vous permet de faire aussi des économies au sein du centre de loisirs. Ça représente combien ?
Danièle Pisani :
À hauteur de 60 % d’économie financière.
Romain Poisot :
Sur l’ensemble du mobilier ?
Danièle Pisani :
Sur l’ensemble du mobilier.
C’est inusable et ça pourrait durer encore beaucoup d’années.
Les enfants s’amusent :
Moi, je dessine des cœurs comme ça.
Xavier Normand :
Xavier Normand. Je suis le maire de Castanet-Tolosan. Je suis membre associé du bureau du Sicoval, en charge des déchets d’économie circulaire.
Les enfants s’amusent :
Comme ça, les petites trucs cute.
Xavier Normand :
Autant la construction neuve, très bas carbone, cédrat, ça coûte cher, donc ça, il faut dire on met de l’argent public dans quelque chose qui est exemplaire. L’aménagement avec du réemploi, ça c’est le contraire, ça coûte beaucoup moins cher et c’est hyper vertueux. Donc ça, il faut absolument, absolument le faire. C’est les chaises, les bancs, les petites tables, les porte-manteaux, tout ce qui faisait partie, un peu de l’équipement de base d’un centre comme ça. Ce n’est pas neutre parce qu’il faut que ça soit aux normes. A cause de ça, parfois, les services peuvent avoir des petites réticences en disant vous savez, on ferait mieux d’acheter du neuf chez des gens qui ont toutes les normes. Sur l’aménagement, c’était des économies conséquentes. Je crois qu’on est à un peu moins de 100 000 € d’économie. C’est vertueux et puis, c’est vrai qu’à la fin, tout le monde en est fier.
Activités des enfants :
Vous allez faire du papier mâché pour faire le grand rochet. Mais tu vas avoir mal aux mâchoires avec de la colle, en plus, ça va être bien pratique.
Romain Poisot :
Comment est-ce qu’on accompagne une commune ? Qui vous accompagne sur ce type de projets là ?
Xavier Normand :
Il y a l’accompagnement de l’ADEME, il y a l’accompagnement de la région. L’ADEME et la région travaillent beaucoup ensemble. C’est cohérent parce que, c’est vrai qu’en tant qu’élu, on a besoin de tout ça. On a besoin d’être rassurés sur le fait que ça sortira dans les délais et dans les budgets prévus au programme.
Romain Poisot :
Avec l’éthique qui va avec ?
Xavier Normand :
Avec l’éthique qui va avec, mais sans partir trop dans l’inconnu. Le fait qu’il y ait une volonté politique exprimée conjointement et qu’ensuite, il y a des outils qui soient mis à la disposition, C’est extrêmement important pour embarquer. Une des choses contre laquelle il faut absolument lutter, c’est « on a toujours fait comme ça », « on ne sait pas faire autrement », etc. Je vais donner un petit coup de griffe, mais nous on reçoit tous les promoteurs qui veulent construire etc. et on leur demande d’innover un peu « Vous savez, c’est trop cher, c’est trop compliqué, Il y en a qui ont essayé, mais ils se sont tous plantés. » Des marchands de désespoir, il y en a beaucoup. Non, en fait, la réalité, c’est de se rendre compte qu’on n’est pas juste sur des petites utopies ou des choses de bobos, mais que ça y est, c’est la vague qui arrive et elle est là. Tout est possible, tout est réalisable ! Toutes les filières existent, tout est possible. Il faut effectivement penser à se faire accompagner, il faut annoncer la couleur. Lorsque que la commande politique est claire, derrière, ça roule.
Activités enfants :
Vous pouvez aller vous asseoir
Voix-off :
Une commande politique claire, notamment en ce qui concerne le réemploi de matériaux de construction, lorsqu’un élu souhaite par exemple investir dans un nouveau bâtiment.
Romain Poisot :
On se retrouve sur le chantier de la future ZAC du Rivel. Vous savez, ces zones d’aménagement concerté, parfois bruyantes, sans arbres, eh bien, cette ZAC-là, elle se veut zéro émission carbone et réalisée en partie avec des matériaux de récupération.
Benjamin Dumas :
Des matériaux de réemploi sont considérés avec un impact carbone de zéro.
Romain Poisot :
Benjamin Dumas, directeur du projet, Ecobâtival visant à promouvoir la construction et la rénovation durable.
Benjamin Dumas :
À préconiser l’usage des matériaux de remploi dans les projets des maîtres d’ouvrage, qu’ils soient publics ou privés. Je prends l’exemple de Castanet. C’est le plus abouti à ce jour. Il avait une demande d’utiliser des matériaux de réemploi pour la rénovation de leur centre de services techniques, par exemple des fenêtres ou du parquet ou du carrelage. Nous l’idée, c’est de les mettre en relation avec les personnes qui ont des matériaux de réemploi, type fenêtres, carrelage ou parquets. Le cadre juridique français, petit à petit, va imposer de rentrer dans cette dynamique-là de sobriété matière Pour le bâtiment, c’est plus de 40 % de consommation d’énergie finale en France, c’est environ 30 d’émissions de gaz à effet de serre. C’est des filières d’avenir pour le bâtiment.
Voix-off :
Une ZAC réalisée en partie avec des matériaux de réemploi ou l’on va limiter l’utilisation du béton, mais aussi et surtout limiter le foncier.
Alexandre Blaquière :
C’est un projet qui était au départ sur une superficie globale de 250 hectares. On a réduit à 110 hectares l’emprise globale du projet d’éco parc.
Romain Poisot :
Et c’est Alexandre Blaquière, responsable de l’aménagement au Sicoval, qui est en charge d’organiser la sobriété foncière.
Alexandre Blaquière :
Seulement 75 hectares seront effectivement utilisés pour implanter des entreprises et éventuellement quelques services. Il y a la volonté d’arriver à créer des trames vertes, des trames paysagères. Il y a eu tout un travail de renaturation et de développement qui va se faire au fur et à mesure de la biodiversité.
Romain Poisot :
Le long du ruisseau ?
Alexandre Blaquière :
Le long du ruisseau, tout à fait.
Romain Poisot :
Donc, vous allez préserver les espaces naturels ? Parce que c’est vrai que dans l’imaginaire collectif, quand on parle ZAC, on imagine tout de suite un espace commercial très bruyant, très bétonné, avec des camions qui passent, etc Là, on n’est pas du tout sur ce système-là, on n’est pas du tout sur ce type de ZAC.
Alexandre Blaquière :
Pas du tout, alors ce n’est pas préservé, c’est fort probablement le développer, la biodiversité. Pourquoi ? Parce qu’on va créer un environnement qui a déjà démarré et qui sera propice au développement de la faune et de la flore qui n’avait pas forcément été préservée jusqu’à présent. Ce qu’il faut savoir c’est, certes, nous sommes sur des terres agricoles, mais c’était de l’agriculture intensive. Demain, ça va devenir des espaces un peu plus apaisés, un peu plus accessibles justement pour la faune qui permettra de s’installer et de se développer. L’un des objectifs, c’est de pouvoir accueillir 3000 emplois sur 110 hectares, ça veut dire 30 emplois à l’hectare.
Romain Poisot :
30 emplois à l’hectare avec des espaces naturels préservés et une sobriété foncière comme matérielle. L’Écologie au service de l’économie ?
Guillaume Chanot :
Il est possible de concilier développement économique raisonné, réfléchi, avec création d’activités et création d’emplois.
Romain Poisot :
Ce n’est pas antinomique pour Guillaume Chanot.
Guillaume Chanot :
Je suis directeur adjoint à la direction du développement et de l’animation économique à la communauté d’agglomération du Sicoval. Notre matrice de réflexion, c’est de dire et de penser l’aménagement économique d’une manière différente, à savoir il y a de moins en moins de foncier. Il faut qu’on optimise les conditions d’utilisation du foncier de la terre au profit des entreprises et au profit de la création d’emplois et d’emplois de proximité. Parce qu’on va demander au niveau des chefs d’entreprises, c’est d’être sobres également dans leur processus de construction et de fabrication de leurs unités d’implantation donc, future usine ou bâtiment pour des TPE, PME.
Romain Poisot :
Aux autres collectivités, vous souhaitez leur dire quoi ?
Guillaume Chanot :
Moi j’ai tendance à dire soyez audacieux, rêver et le rêve dépasse l’horizon, derrière l’horizon on ne sait pas ce qu’il y a. Donc il faut explorer le champ des possibles.
Romain Poisot :
Donc il faut y aller, il.
Guillaume Chanot :
Il faut y aller.
Accueil du Sicoval :
Accueil Sicoval Bonjour.
Que puis je faire pour vous ?
Romain Poisot :
Bonjour Jacques Oberti, vous êtes le président de l’agglomération du Sicoval. Tout ce qu’on vient de découvrir dans votre agglomération, c’est presque un éco système de la sobriété matériel. Et pour mettre en place tout cet équilibre, et bien vous avez bénéficié d’un accompagnement de l’Ademe. En fait, il existe des outils que parfois les élus ne connaissent pas. Pas bien en tout cas, et pourtant qui sont bien là.
Jacques Oberti :
D’abord, je pense qu’il faut des convictions. l’Ademe à la fois nous invite mais aussi nous incite et nous accompagne surtout. C’est-à-dire, Vous avez tous ces éléments-là. L’Ademe est à la fois notre écoute et prête, Effectivement, nous l’avons fait, a signé un contrat d’objectifs et donc avec un engagement, des étapes, des objectifs. Une politique très marquée qu’on pourrait résumer par Aide toi, l’ADEME t’aidera.
Il y a une forme d’exigence qui est salutaire. D’abord pour permettre aux élus d’essayer de faire encore mieux que ce qu’il pouvait imaginer et encore plus de se fixer effectivement des étapes, même si on ne les atteint pas. Ce n’est pas grave le tout c’est la notion de progrès et la notion de dynamique positive. Et l’Adem a ce rôle aussi d’amener un partage entre les territoires avec de l’innovation là ou quelquefois on n’a pas forcément l’idée ou l’ingénierie correspondante.
L’ADEME s’engage aussi à nous aider à atteindre ces objectifs que nous nous sommes fixés.
Romain Poisot :
Par son expertise et financièrement ?
Jacques Oberti :
Exactement.
Romain Poisot :
Finalement, chaque territoire, malgré ses contraintes, peut être accompagné, peut être aidé financièrement pour porter des projets plus ou moins conséquents, mais en tout cas à hauteur de ses moyens en tant que collectivité.
Jacques Oberti :
C’est tout à fait ça, je pense avec à chaque fois cette volonté de faire mieux.
Romain Poisot :
71 des élus estiment que leur territoire doit opérer un virage dans la transition écologique. Seuls 36 ont engagé un déploiement autour de ça. Les élus ont cette volonté, mais ne passent pas forcément à l’action.
Jacques Oberti :
Il y a vraiment une question de moyens. Après, quand vous avez des territoires que vous avez face à vous, la nécessité d’abord de financer l’incontournable avant d’imaginer améliorer et surtout dans le sens du développement durable. Forcément, vous avez cette inertie à apporter quelque part, à combattre même, pour organiser le changement. D’abord, c’est changeant. Commençons par partager parce que je pense qu’ensemble, on arrivera à vaincre sans doute les obstacles plus facilement que tout ça. Partageons dans nos préoccupations, trouver des solutions ensemble. Et je pense que chaque territoire peut faire des progrès. Nous nous posons à chaque fois ce que j’appelle la question d’après.
Romain Poisot :
C’est se poser les bonnes questions pour nos territoires.
Jacques Oberti :
Exactement en se disant aujourd’hui, « aujourd’hui, je gère les services de cette façon-là, j’ai des projets, etc. » mais que se passera-t-il dans notre société dans dix ans, dans quinze ans, dans cinq ans ? Chaque élu peut y adhérer. Il faut que l’élu ose. Je crois qu’il faut oser. Dès lors que ça va dans le bon sens, on trouvera toujours des appuis.
Conclusion – voix off :
Vous venez d’écouter Territoire et sobriété. Les bonnes questions pour accélérer la transition écologique des collectivités. Une série podcast proposée par l’ADEME, le ministère de la Transition écologique et RMC à retrouver sur vos plateformes d’écoute préférée.
Pour se poser les bonnes questions epargnonsnosressources.gouv.fr/collectivites